2008-03-31

Des détails qui ne finissent jamais par finir...

Dans le jus par-dessus la tête comme ça ne se peut pas : planification d’un voyage qui s’en vient plus vite que prévu (début mai), échantillon enzymatique à exprimer et à replier en quantité faramineuse avant de partir (bien sûr, le mutant me donne du fil à retordre, ce qui implique de passer sept jours par semaine au labo), gestion d’une bourse d’étude québécoise qui ne finit pas par rentrer aux États-Unis, administration du budget du mois de mars, payer mon compte Amex, comprendre quelque chose à la mécanique quantique derrière les théorie des séquences d’impulsion de mon boss, magasiner un ordinateur pour la gentille grand-maman de ma douce moitié, déplacer l’auto pour ne pas se faire remorquer (les nettoyages de rue recommencent demain), magasiner un billet de train pour ma petite femme, s’arranger pour que les T4 et les relevés 1 soient finalement (!!) postés au bon endroit avant le 30 avril, échanger les points Aéroplan qui expirent trop tôt, préparer un séminaire pour vendredi prochain et surtout…

Principalement…

Par-dessus le marché…

Indubitablement…

Définitivement…

Se faire chier avec le remplissage de quatre déclarations de revenus, pour moi et la jolie demoiselle qui partage ma vie (donc huit déclarations au total) : États-Unis d’Amérique, Canada, Connecticut et Québec.

Non mais on vas-tu pouvoir respirer à un moment donné ?! Ah pis c’est ben dommage, mais je pense je vais commencer par ça justement : respirer un peu ! Après tout, je mérite bien un petit morceau de gâteau au fromage...

2008-03-29

Un petit coin du Québec à Yale

Mettons les choses au clair. Malgré le titre de ce billet, je ne vous parlerai pas d’une ambassade, d’une maison de la francophonie ou encore d’une association officielle des Québécois à Yale. C’est pas compliqué, ça n’existe pas. On a beau n’être qu’à 600 km de Montréal dans une contrée qui a déjà appartenue au régime de la mère patrie, le français dans les environs se fait rare comme de la merde de pape (malgré ce que j’ai déjà pu écrire ici). Évidemment, il y a bien ici et là quelques Français déboussolés par cette contrée américaine qui chambarde leurs habitudes de bouffe... Mais à part ça, la langue de Molière se laisse passablement désirer.

Non, aujourd'hui, que ça vous plaise ou non, je vous parle de biochimie. Non mais, c’est quand même ça que je fais dans la vie, oui ?! Mais rassurez-vous, je n’entrerai pas dans les détails moléculaires. Je resterai plutôt au niveau des conséquences directes de la mondialisation (ou encore de celles de l’ALÉNA).

Voyez-vous, dans notre petit monde de laboratoire où l’outil de travail privilégié demeure la bactérie (je reviendrai peut-être là-dessus un jour), on doit habituellement travailler en milieu stérile. Ainsi, comme le grand chef dans sa cuisine de haute technologie, on utilise quotidiennement des lave-vaisselle industriels ainsi que des autoclaves (pour stériliser et décontaminer la vaisselle de laboratoire).

Curieusement, je me suis récemment arrêté aux détails de ces outils très communs qui sont à notre disposition dans le sous-sol du pavillon où je travaille. On utilise ça à tous les jours et ça nous passe sous les yeux... Sans la curiosité et l'observation, je n'aurais jamais découvert ce petit coin du Québec à Yale :

Beautiful port, Qwébec mes amis ! Non mais, ça fait quand même un petit velours, vous trouvez pas ?! L’une des universités les plus réputées de la planète qui utilise des outils qui furent conçus et fabriqués à moins de 10 kilomètres d’où j’ai grandi.

Bon, peut-être pas à vous, mais à moi ça m'a fait un petit velours ! Et ça m'a surtout rappelé qu'un jour, les Québécois devront arrêter de se faire accroire qu’ils sont nés pour un petit pain...

2008-03-25

Hypothesis: Darwin is Wrong. Experiment: Read the Bible. Results: God Said It. I Believe It. That Settles It. Hypothesis Proven.


Y’a des moments où on ne peut s’empêcher d’arrêter. Après coup, on se demande d’ailleurs pourquoi on a perdu autant de temps à regarder ces conneries.

Imaginez-vous que ça fait des heures que je perds mon temps à regarder cet énergumène créationniste déblatérer à propos de théories bibliques complètement loufoques pour expliquer... well, absolument tout ! Dans le passé, j’avais déjà assisté à un « débat » similaire entre la science et le créationnisme à l’Université de Montréal. Mais alors là, les arguments n'étaient aucunement du niveau de ce que Hovind semble vouloir « démontrer » (pour ainsi dire, son ignorance). Non seulement les prémisses se basent sur n’importe quoi, les arguments sont merdiques, les statistiques sont fausses et le mec se contredit à tout bout de champ. Faites-en l’expérience vous-mêmes :

« Dr. » Kent Hovind – The Age of the Earth


Le gars s’écoute parler en sept parties de 2-3 heures, dans ce monde parallèle où des salles combles l’applaudissent et l’idolâtrent. Jetez aussi un coup d’œil aux autres sections : The Garden of Eden, Dinosaurs and the Bible, Lies in the Textbooks, Dangers of Evolution, The Hovind Theory et Questions and Answers. C’est littéralement stupéfiant. Par la suite, si ça vous dit encore, Ali G l’avait invité à son émission (trop pissant) :

Kent Hovind vs Ali G on evolution and creation


Et des petits comiques se sont amusés à démontrer quelques-unes des failles dans l’argumentaire :

Critical Analysis of Kent Hovind's Age of the Earth


Nom : Kent Hovind
Profession : Idiot et détenu

2008-03-22

Si j’avais les ailes d’un ange, je partirais pour... Hartford


J’étais debout à 3h40.

Étant incapable de supporter le son d’un réveille-matin, mon horloge biologique s’ajuste toujours pour secouer le corps hors du lit quelques minutes à l’avance. Or, tout ce travail se fait aux dépens d’une nuit relativement chaotique dans laquelle un œil sur deux porte inconsciemment le regard sur l’heure une fois de temps en temps. Question de ne pas manquer le bateau.

J’avais pourtant tout prévu : les pantalons, les bas, la chemise, l’appareil photo (au cas où l’aube serait belle) et les quelques disques qui me tiendraient compagnie lors du retour. Hartford, ce n’est qu’à une heure de route de la porte arrière, mais en pleine nuit, c’est toujours agréable d’avoir un petit remontant.

Je ne voulais pas la réveiller, mais je savais bien que c’était peine perdue. En temps normal, je change de position dans le lit et elle se réveille. Instinct féminin, faut croire... J’ai donc bien pris soin de refermer les deux portes de chambre pour qu’elle ne soit pas trop incommodée par la lumière.

Fuck, mon antisudorifique... Retour au bercail.

«Non, non, fais dodo. C’est correct. J’ai oublié mon antisudorifique.» Pourquoi je garde ça dans ma chambre plutôt que dans la salle de bain ? Je sais pas. C’est con. Retour aux toilettes.

Fuck, ma ceinture... Re-retour au bercail.

«Non, non, fais dodo. C’est correct. J’ai oublié ma ceinture. Bisous.»

Enfile le tout. Brosse les dents. Poignée de pépites de chocolat. Déboule pratiquement l’escalier dans le noir. Nuit froide de début de printemps.

J’ai mis les pieds chez mon ami à 4h15. Il état presque prêt et il n’avait tout simplement pas dormi. Quand l'habitude te pousse normalement à t’endormir vers 2h30 et que tu dois te rendre à l’aéroport aux alentours de 4 ou 5 heures du matin, à quoi bon essayer de dormir pour si peu ?

Hartford-Dallas, Dallas-San Diego.
En masse de temps pour faire un petit roupillon bien mérité. Lui aussi s’en va donner des bisous à sa copine. La Jolla, UCSD, Scripps, Salk Institute, Tijuana. Un maudit beau coin de pays. Ou plutôt, de deux pays...

La route était calme, mais bourrée de camions. Le sentiment était hors du réel, comme un rêve trop véridique. Comme cette période que l'on vit quotidiennement, mais que l’on voit malgré tout si peu : les quatre ou cinq premières heures de la journée. Aussi calme était la 91 nord, aussi achalandé était l’aéroport. Au revoir Eric, à mercredi.

Le retour solitaire vers le sud crachait les fines mélodies accrocheuses et nostalgiques de Eve 6 dans mes haut-parleurs. Les numéros de sortie diminuaient lentement, jusqu’à ce point fatidique où la 91 rejoint finalement la 95 dans ce cafouillis qui cause des embouteillages même en pleine nuit :

Les tours de Yale au loin. New Haven. 6h15. L’aube qui se pointe tranquillement à l’horizon.

Deux ou trois oiseaux gazouillaient face à la maison lorsque j'ai garé la voiture. Seul le bruit de la clôture arrière leur faisait compétition. L’air annonçait cette journée chaude de printemps et la maison sentait les muffins à plein nez.

Elle ne s’était pas rendormie.

Moi par contre, ça n’a pas pris de temps avant que mes yeux se referment. Elle est venue me rejoindre et les siens ont fait de même.

L’appareil photo n’a jamais servi.

2008-03-19

Pour en revenir à « Do you usually have free parking? »

Cette question, je ne suis pas prêt à dire que les Québécois ne se la posent pas. En fait, dans la situation décrite dans le dernier billet, je suis persuadé que la plupart des Québécois réagiraient de la même manière que les Américains qui étaient présents à mon petit meeting industriel. Pour clarifier le point de vue Québécois, je dirais qu’on s’étonnera toujours de ce genre de question lorsqu’on a vécu à Montréal sans voiture. Point. Car au Québec, c’est bien juste à Montréal qu’on peut vivre sans se la poser et ensuite adopter une attitude méprisante face à tous ceux pour qui c'est important... C’est probablement la même chose avec un habitant de Manhattan, d’ailleurs.

Aussi extraordinaires les Québécois croient-ils être à ce niveau, la situation hors Montréal n’est guère mieux que celle qui prévaut aux États-Unis en ce qui a trait au transport en commun. Même la ville de Québec, qui possède certainement le deuxième meilleur système de transport en commun de la province, n’arrive pas à la cheville de Montréal à ce niveau et dépend entièrement de son parc automobile pour déplacer la très grande majorité de sa population.

Le problème est assurément lié à la « banlieusardisation » de la société nord-américaine, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais il est bien évident que la voiture demeure essentielle à bien des égards. À cet effet, je me souviendrai toujours du commentaire récent d’un internaute sur le blogue de Lagacé : « À tous ceux qui chialent contre les gens qui possèdent une voiture à Montréal et qui disent que ça ne sert à rien : la prochaine fois que vous voudrez un lift pour aller faire un tour dans le nord, aller skier au Mont-Tremblant ou faire du camping dans le parc de la Vérendrye, vous pourrez ben manger d’la marde ! »

Les petits centres urbains, ils existent et il faut bien s’y rendre d’une manière ou d’une autre. Sur ce, il est faux de croire que l’amélioration du transport en commun changera quoique ce soit à la situation des distances interurbaines. La densité de population de certains petits coins de pays ne permet tout simplement pas d'offrir un service approprié et adéquat à ce niveau. Le mode de vie métropolitain sous-estime malheureusement le fait qu’il faut bien relier les petites villes aux grands centres d’une manière ou d’une autre. Ainsi, la voiture est définitivement là pour rester, peu importe la source d’énergie qu’elle utilise pour rouler.

Pour en revenir au fameux « Do you usually have free parking », ce que je trouvais particulièrement comique dans la situation du dernier billet, c’est à quel point CETTE question demeurait celle qui intéressait les gens. Plus que la garderie, plus que les soins dentaires, plus que la SANTÉ !

Un stationnement coûte combien à chaque année ? Dans le pire des cas, 100 $ par mois peut-être ? On parle donc d’une dépense d’environ 1200-1500 $ par année. Non négligeable, on en convient. Mais le régime de soin de santé, lui ? À Yale, on parle d’un montant de 310 $ par mois, soit au minimum trois fois plus élevé ! Si t’as le choix de payer l’un des deux, il me semble que c’est moins pire de payer le stationnement, non ?

Aucun doute qu’au Québec on se la poserait la question ! Pourquoi ? Parce que toute dépense supplémentaire sort directement de notre poche. Et puisque la santé est étatisée, on n’a pas l’impression de la payer de nos poches (même si c'est faux). Mais aux États-Unis, t’as pas le choix de payer tes soins de santé ! À moins que tu prennes la décision pas très intelligente de laisser faire, cette dépense sort inévitablement de ta poche...

Peut-être est-ce juste moi, mais il me semblait logique que la première question à se poser devait être celle liée aux soins de santé. Dans l’ordre des valeurs, vous ne trouvez pas que c’est logique ? Enfin, de mon côté, le stationnement venait pas mal plus loin au niveau priorité (et oui, je possède une voiture)... Mais bon, il semble bien que l’être humain ne soit pas en mesure de voir ça. Probablement parce que l’un demeure tangible alors que l’autre ne l’est pas. Quand tu as la santé, tu ne penses pas que ça peut devenir un problème. Un sérieux problème, d'ailleurs...

2008-03-17

La grande question


La semaine dernière, je me suis tapé un petit séminaire sur l’art de se chercher un emploi dans l’industrie pharmaceutique aux États-Unis. Vous savez, ce genre de conférence où l’on invite des gens du milieu à venir discuter de leur expérience personnelle et dans lesquelles il y a toujours un maudit tata qui se pointe en complet veston pour y distribuer son CV ?

Ce genre là, oui...

En fait, mis à part les quelques téteux qui s’imaginent visiter une foire de l’emploi, la rencontre était finalement assez bien réussie (ce qui n’est habituellement pas gagné d’avance). Elle nous a d’ailleurs permis d’apprendre quelques bons petits trucs pour maximiser les chances d’embauche dans l’industrie. Mais là n’est pas la question.

Couplé aux informations d’emploi habituelles, nous avons également eu droit à quelques détails sur les avantages sociaux offerts par ces grosses boîtes pharmaceutiques américaines, qui offrent inévitablement une myriade de bénéfices marginaux : le régime de soin de santé, la couverture dentaire, les magasins privés sur place, les centres d’entraînement, les services de garderie, etc.

Voulez-vous savoir quelle fut la première question posée à propos de ces avantages sociaux ? La question qui brûlait toutes les lèvres dans la salle et pour laquelle on voulait absolument avoir une réponse positive ? Je n’y aurais même pas pensé, mais elle me rappela instantanément dans quel pays j’habitais :

“Do you usually get a free parking spot?”


J’vous l’jure, c’est même pas une blague.

La salle s’est mise à rire, mais d’un rire qui cache à peine les hochements de tête approbatifs. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on se foutait des autres services comme la garderie ou la santé (qui coûte d’ailleurs une fortune en assurance privée), mais ce qu’on voulait savoir plus que tout au monde, c’est si on allait avoir une place pour stationner son char gratissss !

Décidément, on aura beau tenter de convaincre l’Américain de sortir de sa voiture, ce n’est pas demain la veille qu’on sortira la voiture de l’Amérique...

2008-03-14

Tout est relatif...


Aujourd’hui, les anglos fêtent la journée « internationale » du nombre Pi (3,1416) :

March 14 = 3/14 = 3,14 = Pi

Apparemment, on célèbre ça en mangeant de la tarte (Pie).

C’est drôle, c’est supposé être « international » c’t’affaire-là. Ce qui veut dire que dans le petit coin québécois d’où je viens, Pi n’a pas la même valeur :

14 mars = 14/03 = 1,403 = Pi (?)

Quoiqu’en notation réellement « internationale », on aurait plutôt droit à :

2008/03/14 = 2,0080314 = Pi (?)

Ce qui, incidemment, veut dire que la valeur de Pi n’est pas la même à chaque année, puisque la série des prochaines années aurait plutôt l’air de :

2,0090314 = 2,0100314 = 2,0110314, etc.

Donc, Pi = 3,14 = 1,403 = 2,0080314 = etc. (?)

N’importe quoi...

International Pi Day, hein ?

Hé ben. Jamais entendu parler de ça moi.

Je ne dois pas être assez nerd.

Ou encore pas assez anglo...

2008-03-11

La télévision conventionnelle, c’est fini. Let’s move on and evolve!


Sauf à quelques exceptions, je ne regarde plus la télévision québécoise depuis déjà plusieurs années. À l’époque, mettre au rancart une bonne partie de ce qui se produisait dans le paysage télévisuel québécois n’était pas uniquement justifié par le fait que je passais définitivement trop de temps devant le tube cathodique (dans le temps où la télé était encore un tube cathodique...), mais également parce que j’en avais marre des téléromans et des séries franchement mornes et répétitives produites par Radio-Can, TVA et TQS. En un seul mot, c’était pas mal plate. Dans mon adolescence, mes moments de télé hebdomadaire était d’ailleurs bien davantage consacrés à Seinfeld, Fresh Prince of Bel-Air et Friends qu’à toute autre série québécoise. Question de goût ? J’imagine. Ou l’est-ce vraiment ?

Encore aujourd’hui, je trouve malheureusement triste de constater qu’une bonne partie des séries produites par les grands réseaux télévisuels de la province font du sur place. En fait, à part quelques exceptions néanmoins dignes de mention, j’ai franchement l’impression qu’on fait du sur place télévisuel depuis très longtemps. Et ce raisonnement ne s’applique pas uniquement qu’au Québec : obnubilé par la présence américaine, le ROC ne produit pratiquement plus rien d’original non plus.

Mais peut-être n’est-ce qu’une impression ? À bien y penser, nous avons quand même eu droit à Minuit le soir, Les Lavigueur et Les Invincibles ces dernières années. Mais bon, il faut quand même faire contrepoids à Virginie, Loft Story et à tout ce qui peut sortir de TVA et de TQS d’une saison à l’autre... Disons simplement qu’il m’apparaît rare que la télévision du Québec soit à la hauteur de son cinéma, ce qui n’est pas nécessairement toujours le cas aux États-Unis.

Peut-être est-ce parce que je commence à m’habituer aux époustouflantes séries comme Lost, Rome, Curb Your Enthousiasm, Arrested Development, CSI, Entourage, The Sopranos ou Six Feet Under, mais à chaque fois que je débarque au Québec et que j’ouvre la télé pour zapper un peu, j’ai toujours l’impression de regarder des décors en carton, de voir des comédiens qui ne savent pas jouer, de supporter des VJ de Musique Plus qui ne savent pas enchaîner les mots sans faire de faute de syntaxe, de me taper des reprises du Temps d’une paix, de voir des annonces qui me rappellent « Dagnel Spécificités » ou d’avoir honte de constater l’omniprésence de l’humour à la Guy Mongrain. Pas fort, pas fort...

Pourtant, on me parle assez régulièrement de bonnes séries québécoises sans que je puisse en juger de manière appropriée. D’ailleurs, à chaque fois que j’entends le commentaire « tu devrais regarder ça, c’est excellent », je ne peux m’empêcher de me demander s’il s’agit d’une opinion réfléchie ou encore du point de vue de quelqu’un qui n’a jamais vu mieux pour pouvoir comparer. Car j’ai l’impression qu’il y a un peu de ça aussi au Québec : à défaut d’avoir un marché assez grand pour justifier une réelle compétition, les réseaux québécois se contentent de produire des séries qui sortent rarement de l’ordinaire. Les gens y sont habitués, ça n’est pas trop ennuyant et ils les regardent quand même. « Quessé tu veux, y’a rien d’autre à tévé ! ». Combien de fois l’avons-nous entendue celle-là ? Y’a rien d’autre en français, on s’entend.

Parce que du côté anglophone, y’en a du stock. Y’a de la merde en boîte, mais y’a aussi des choses extraordinaires. Et dans la grande majorité des cas, les choses extraordinaires sont quintuplement plus extraordinaires que ce qui se tourne au Québec en moyenne. Question de budget ? Assurément, mais pas uniquement. Il y a une manière de procéder, une manière d’écrire, une manière de faire languir et de jouer sur les mystères pour captiver son auditoire que les Américains maîtrisent particulièrement bien. Lorsqu’on compare les deux types de télé, la révélation vous rendre en plein dans les dents, un peu comme la fois que vous avez regardé le premier épisode de la première saison de 24. Ça fesse et on ne peut pas s’empêcher de regarder l’épisode suivant, et ensuite le suivant, et puis un petit dernier, etc. La dernière fois que j’ai ressenti ça avec une série québécoise, c’était... Attendez, je pense que ça ne m’est jamais arrivé. Ou peut-être oui, une ou deux fois dans Omertà ? Ça fait tellement longtemps que j’ai oublié.

Certains diront que ne peux pas juger correctement de ce qui s’est fait au Québec dans les dernières années pour deux raisons principales : 1) même lorsque j’étais à Montréal, je n’avais pas le câble, et 2) même si j’avais le câble présentement (ce qui n’est pas le cas), j’habite désormais un peu loin pour regarder quoique ce soit de québécois. Deux bons arguments. Je ne peux donc pas juger des nouvelles séries qui pourraient être produites actuellement.

Hé ben justement ! Comment se fait-il que je ne sois pas capable de les regarder en ligne ? Les réseaux de télé québécois vont-ils un jour réaliser que près de 30 % des cotes d’écoutes de certaines émissions populaires aux États-Unis sont désormais regardées directement en ligne ? Les grands réseaux de télé américains, eux, sont en train de le comprendre (voir ici et ici). Au lieu d’essayer de contrer le piratage de leurs émissions en ciblant ceux qui les partagent ou qui les téléchargent illégalement, ils ont pris le taureau par les cornes en créant des sites web où ils diffusent leurs émissions tout à fait gratuitement. Et en haute définition à part de ça ! C’est d’ailleurs la seule et bonne manière qu’ils ont trouvé pour conserver leurs cotes d’écoute et leurs revenus publicitaires...

ABC, NBC (désormais couplé à Hulu) et CBS présentent tous des saisons complètes de plusieurs de leurs séries fétiches. Et qu’importe si elles existent déjà en DVD, on retrouve même l’intégrale des quatre saisons de Lost ! On les regarde en haute définition, quand on veut, où on veut et à la cadence que l’on veut. Et pas besoin de télécharger puisque la diffusion se fait en continu. Mais bien évidemment, on a besoin d’une forte bande passante et SURTOUT, on ne doit pas avoir de quota de téléchargement mensuel comme ceux imposés par Vidéotron et Sympatico au Québec. Les quotas mensuels de téléchargement, ça n’existe pas aux États-Unis.

Je n’ai pas ici l’intention de m’étendre sur le sujet du manque de budget et des contraintes publicitaires des réseaux de télévision francophones québécois. Je ne m’étendrai pas non plus sur leur manière de procéder dans l’écriture d’une minisérie ou d’un téléroman (comme s’il était possible pour UN seul auteur de tout écrire. Voilà longtemps que les Américains ont compris que plusieurs têtes valent mieux qu’une pour faire ressortir des idées géniales...).

Je me permettrai seulement de souligner que le Québec prend encore du retard sur les tendances actuelles d’Internet 2.0 et que cela s’avère bien triste à constater. La télévision conventionnelle où l’on s’assoit en famille à 20h00 le jeudi soir pour regarder un épisode de ceci ou cela, c’est fini. Qu’on l’accepte et qu’on passe à autre chose.

Le téléphile contemporain veut la liberté de regarder ce qu’il veut à son rythme, que ce soit en direct, en différé, en DVD, en débit continu, en téléchargement, sur sa télé haute définition, sur son ordinateur, sur son iPod ou sur son cellulaire. Qu’on se déniaise et qu’on s’en rende compte ! Let’s move on and evolve!

2008-03-09

It's so true!

Hugo Dumas me fait tellement pisser de rire avec son article de samedi dernier : L'anti-fan ou l'a b c du casse-pieds. À mon humble avis, personne n'aura dit aussi vrai à propos de Harry Potter, Radiohead ou Tolkien (à part peut-être Randal dans Clerks II). Enfin, il exagère un peu pour Radiohead, mais l’idée de base reste là : y’a vraiment pas de quoi capoter autant sur ce band... Du moins, pas plus ou pas moins que bien d'autres artistes contemporains.

En fait, ne manque que Star Wars dans toute cette histoire et l'article serait parfait ! Enfin non, pas tout à fait... Je laisse délibérément tomber la section sur Pink Floyd, car là franchement il exagère carrément ! :-)

N’empêche, pour moi, il n’y a qu’une chose à dire : It’s so true!

Extraits :

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C'est à mon tour de jouer les casse-couilles, les emmerdeurs, les rabat-joie. Voyez et lisez, dans les pages qui m'entourent, toutes ces belles histoires de fanatisme et d'admiration, teintées d'un enthousiasme juvénile si pur et si doux. Soupir... En ce joli matin d'hiver, crack ! Je brise le consensus et aborde le sujet à l'envers : pourquoi ne pas pérorer sur des artistes que tout le monde aime, mais qui ne verront jamais apparaître mon nom dans leur fan-club ?

Allez, souriez un peu. On s'amuse, là. Pourquoi ne partir ce samedi tranquille du mauvais pied ? Avouez que l'expérience vous tente.

Alors, prêts ? Go. Je n'écrirai jamais de lettre d'admiration à J. K. Rowling, la divine auteure de la série de livres tant acclamée Larry Poteux. Pas capable. C'est quoi ça, une Hermione ? Un navire de Jacques Cartier ? Une nouvelle maladie au catalogue de l'OMS ? Allez, du balai Harry ! N'as-tu pas une Sally à rencontrer ? (NDLR: quel gag moche)

Dans la même lignée, je ne me joindrai jamais au fan-club de Tolkien, l'infâme créateur de Bimbo le hobbit, dont les aventures m'intéressent autant que le lancement d'une nouvelle collection de bijoux signée Caroline Néron. Et ne me lancez pas sur Le seigneur des anneaux. Pourquoi ses admirateurs se déguisent-ils en guenillous, armés d'épées gossées dans de vieux bâtons de hockey Sherwood ? You-hou les jeunes : le mont Royal, c'est loin d'être la Terre du Milieu. Désolé de vous ramener à la réalité, où, eh non, il n'y a pas de poneys fringants qui galopent dans les prés.

Le prochain paragraphe risque de me valoir une volée de courriels d'insultes. Tant pis. Vous ne m'entendrez pas hurler dans un spectacle de Radiohead. À part, peut-être: «c'est quand l'entracte ?» ou «crisse, 10 piasses pour une bière, c'est du vol !».

Sérieusement, je me régale encore de The Bends, Pablo Honey et High and Dry, wow, quelle chanson. Mais pour les trucs plus expérimentaux post-OK Computer, j'abandonne Thom Yorke, comme une Virginie dépassée par les «djeunes» du groupe B de Sainte-Jeanne-d'Arc.
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Once again: It’s so true! :-)

2008-03-05

Simplifier le fardeau de la vieillesse

Sujet austère et tabou s’il en est, le New Yorker nous offre néanmoins un article de fond très intéressant sur ce qu’est devenu l’art de vieillir au début du 21e siècle (ici). Les perceptions médicale, sociale et personnelle sont couvertes avec brio, notamment en ce qui a trait à l’importance d’axer les priorités sur les détails de la vie d’une personne âgée autonome davantage que sur les aspects qui pourraient à prime abord nous sembler évidents. Extraits :

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“[Jean Gavrilles] was in good condition for her age, but she faced everything from advancing arthritis and incontinence to what might be metastatic colon cancer. It seemed to me that, with just a forty-minute visit, Bludau [her geriatrician] needed to triage by zeroing in on either the most potentially life-threatening problem (the possible metastasis) or the problem that bothered her the most (the back pain). But this was evidently not what he thought. He asked almost nothing about either issue. Instead, he spent much of the exam looking at her feet.

“Is that really necessary?” she asked, when he instructed her to take off her shoes and socks.

“Yes,” he said. After she’d left, he told me, “You must always examine the feet.”


(...)


She was doing impressively well, he said. She was mentally sharp and physically strong. The danger for her was losing what she had. The single most serious threat she faced was not the lung nodule or the back pain. It was falling. Each year, about three hundred and fifty thousand Americans fall and break a hip. Of those, forty per cent end up in a nursing home, and twenty per cent are never able to walk again.


(...)


“The job of any doctor (...) is to support quality of life, by which he meant two things: as much freedom from the ravages of disease as possible, and the retention of enough function for active engagement in the world. Most doctors treat disease, and figure that the rest will take care of itself. And if it doesn’t—if a patient is becoming infirm and heading toward a nursing home—well, that isn’t really a medical problem, is it? To a geriatrician, though, it is a medical problem.”


(...)


In the story of Jean Gavrilles and her geriatrician, there’s a lesson about frailty. Decline remains our fate; death will come. But, until that last backup system inside each of us fails, decline can occur in two ways. One is early and precipitately, with an old age of enfeeblement and dependence, sustained primarily by nursing homes and hospitals. The other way is more gradual, preserving, for as long as possible, your ability to control your own life.

Good medical care can influence which direction a person’s old age will take. Most of us in medicine, however, don’t know how to think about decline. We’re good at addressing specific, individual problems: colon cancer, high blood pressure, arthritic knees. Give us a disease, and we can do something about it. But give us an elderly woman with colon cancer, high blood pressure, arthritic knees, and various other ailments besides—an elderly woman at risk of losing the life she enjoys—and we are not sure what to do.”
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Alors que la population vieillit aussi rapidement qu’elle se fait accroire le contraire, la gériatrie est malencontreusement en voie de devenir une science incorrectement reléguée aux oubliettes par la médecine contemporaine. Au lieu de faire face à l’inévitable, il semble bien que la société d'aujourd'hui préfère se réfugier dans la chirurgie plastique, qui elle connaît une hausse d’intérêt étonnante partout sur le contient.
Mais à quel prix ?

“When the prevailing fantasy is that we can be ageless, the geriatrician’s uncomfortable demand is that we accept we are not.”

2008-03-03

70 minutes et 42 secondes

C’est le temps écoulé sur l’afficheur de mon téléphone lorsque j’ai finalement raccroché.

Soixante-dix minutes et quarante-deux secondes passées à tergiverser et à perdre mon précieux temps du dimanche midi à parler aux techniciens ― humain et électronique ― de AT&T pour un problème qui revient inévitablement à tous les deux mois et pour lequel je ne compte plus les heures accumulées à leur chialer ça dans le combiné.

Soixante-dix minutes et quarante-deux secondes avant que la compagnie finisse ― encore ― par concéder que le problème se trouvait de leur côté de la ligne et non du mien. Ou devrais-je plutôt dire que le problème se trouve de leur côté de la ligne, car au moment d’écrire ces lignes ― près de douze heures plus tard ― le problème n’est toujours pas réglé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous lisez ce message en différé.

Est-ce que les techniciens AT&T pensent réellement que je n’ai pas tenté de réinitialiser le modem et de redémarrer mon ordinateur avant de leur lâcher un coup de fil ? Pensent-ils vraiment que j’ai à ce point hâte de leur jaser ça à nouveau et que je m’ennuie d’eux ?

Non seulement doit-on passer plus d’une heure au bout du fil pour rien, mais en plus on se fait traiter comme un enfant de cinq ans qui n’a jamais touché à un ordinateur de sa vie. Et par-dessus le marché, on nous sert une fausse note de politesse forcée : “Sir Doucet, would you kindly press the start button? Sir Doucet, would you kindly tell me which lights are solid green on your modem? Sir Doucet, would you kindly wait while I put you on hold?

S
ir AT&T, would you kindly take care of the câline de problem once and for all, saint crème de jéribouaire ?! J’vous l’demande kindly là, sir chose bine !
Plus kindly que ça tu meures...

Moi: “So will I be compensated for these Internet hours I am currently losing?”


Eux: “For this you need to call customer service sir.”

Non mais ils sont qui, eux ? Les livreurs de pizza ?!
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