2008-04-30

Russell Peters et la multiethnicité

L’un des humoristes canadiens les plus populaires de sa génération, Russell Peters demeure malheureusement encore relativement peu connu en dehors du monde anglophone, barrière de langue oblige. Pour ceux qui ne sont pas rebutés par ce fait, je vous invite fortement à découvrir son style humoristique, qui touche à plusieurs stéréotypes de la multiethnicité sans toutefois tomber dans le vulgaire trop gras. Vraiment comique (voir le lien YouTube ci-haut). Son spectacle 'Outsourced' est également pas mal génial (voir ici pour regarder la première des neuf parties disponibles sur YouTube).

2008-04-27

Un monument gardé secret

Lors de mon déménagement dans ce pays d’adoption, je m'étais promis de compiler sur ce blogue quelques anecdotes savoureuses de la vie américaine de tous les jours. Bien évidemment, je l’ai déjà fait de manière indirecte, mais je commence officiellement ici en vous présentant un monument étatsunien d’une importance historique indéniable. Enfin, tout dépend du point de vue...

Dans tous les pays, de tous les temps et de toutes les histoires, il existe des endroits que l’on préfère garder dans le plus grand des secrets en raison de la honte qu’ils procurent habituellement aux habitants du coin. À cet effet, si vous passez un jour par Berlin-Est avec un Allemand qui connaît bien son histoire moderne, vous réussirez peut-être à le convaincre de vous montrer l’ancien emplacement du bunker d’Adolf Hitler. Endroit sensible s’il en est un, le terrain n’est aujourd’hui qu’un banal stationnement de HLM sur lequel se retrouvent quelques arbres délibérément et symboliquement frêles (j’attache ici une photo personnelle qui date de 2003) :

L’endroit de la mort du Führer est aujourd’hui gardé dans le plus grand secret officiel : aucune inscription, aucun bâtiment, aucun faste. D’ailleurs, les Berlinois ne savent pour la plupart même pas où se trouve l’emplacement en question. On comprend pourquoi...

Ironiquement, il existe un lieu similairement sensible à moins de 300 mètres de mon humble demeure de la Nouvelle-Angleterre. Non pas que l’endroit soit d’une importance historique aussi macabre que celle du bunker de Hitler ― encore là, ça dépend des points de vue ―, mais il s’agit assurément d’un petit coin des États-Unis qui ne fait pas nécessairement le plus grand bonheur des habitants de New Haven. Les gens du coin qui savent où se trouve ledit monument n’hésitent d’ailleurs pas à vous parler de la honte que leur procure la tristement célèbre demeure située au coin des rues Whitney et Edwards.

De quoi je parle ? Photo à l’appui, je vous le donne en plein dans le mille : la maison natale du 43e président américain, George W. Bush.

Même si W tente souvent de minimiser ses racines du nord-est des États-Unis au profit du Texas chéri où il a grandi, il n’en demeure pas moins qu’il est né à deux pas de Yale en 1946, où son père étudiait alors en économie. Inutile de vous dire que, dans cette contrée démocrate assez libérale, la demeure en question est loin d’être publicisée. Ici non plus, aucune inscription ni aucun faste ne fait état de l’anecdote historique. D’ailleurs, toute mention de son existence inciterait assurément les vandales à se défouler de manière régulière...

Un jour, il faudra bien que je me mette à chercher la trace des Clinton dans le coin ! J'ai comme l'impression qu'elle sera plus simple à trouver.

2008-04-24

That special status paid for your Lexus, biatch!

AngryFrenchGuy nous offre un billet absolument, totalement et incroyablement savoureux à propos du statut de la langue à Montréal (ici).

“So why should French have a special status?
Because that special status paid for your Lexus, biatch!”


Vrai ? À vous de juger. Mais le billet est assurément trop excellent ! ;-)

2008-04-23

Le dilemme de l'omnivore

Dites-moi, la dernière fois que vous avez tué le poulet (bœuf, saumon, etc.) de votre souper de ce soir, c’était quand ? Où cueilliez-vous les fruits et légumes que vous mangez à tous les jours ? De la crème glacée, des boissons gazeuses, des croquettes de « poulet », des repas-minute congelés, des jus avec additifs vitaminés, ça pousse où en hiver et comment en sommes-nous arrivés là, historiquement et sociologiquement parlant ? D’ailleurs, êtes-vous réellement certain que ce que vous avez mangé ce soir est réellement ce que vous avez mangé ? Du bœuf, du poulet, du poisson, etc. Vraiment ? Pensez-y et lisez.

Publié en 2006 par le journaliste américain Michael Pollan, « The Omnivore’s Dilemma: A Natural History of Four Meals » nous trace le portrait et l’analyse détaillée de la chaîne alimentaire qui ponctue chacune de nos vies nord-américaines en ce début de 21e siècle. L’auteur nous fait découvrir à quel point l’alimentation contemporaine est aussi proche de la nature que l’ordinateur d’aujourd’hui est proche de la feuille de papier et du crayon d’antan. On y découvre les entrailles du système alimentaire nord-américain, à quel point notre relation avec la bouffe est complètement dénaturée, à quel point notre bouffe, sans qu’on le sache et bien souvent à notre insu, est modifiée, retravaillée, réemballée, réajustée.

Bien que notre histoire directe nous lie à la culture alimentaire européenne basée sur le blé, ce livre nous fait découvrir à quel point nous avons complètement transformé nos habitudes alimentaires pour utiliser l’épi de maïs et ses produits dérivés comme source primaire de presque tous les produits que nous ingérons actuellement. Poussé par la motivation mercantile extrêmement alléchante de cette céréale qui pousse bien sur les terres d’Amérique, nous le faisons bien souvent aux dépens de notre santé et de la santé des autres. En autant que le portefeuille s’épaississe...

Qu’on le veuille ou non et que nous en soyons conscients ou non, le maïs est devenu l’une des seules sources protéiques que nous absorbons à tous les jours, 365 jours par année. Qu’est-ce que ça change, me direz-vous ? Au premier regard, rien, car une protéine dénaturée restera toujours formée des mêmes 20 acides aminés naturels. Mais lorsqu’on regarde de plus près, on se rend bien compte que c’est loin d’être le cas au niveau alimentaire. Au même titre qu’un prion n’est pas une protéine comme les autres et que son ingestion peut causer des problèmes de santé graves d’une espèce à l’autre, il s’avère que les sources de protéines communes ingérées par les animaux que nous mangeons à notre tour ont également un effet non négligeable sur notre santé.

Analyse alimentaire à l’appui, Michael Pollan nous démontre en fait que plus du quart de tout ce que l’on achète à l’épicerie aujourd’hui contient un dérivé plus ou moins alléchant du maïs, indirectement transformé par une matière pétrolière qui consomme plus d’énergie qu’elle n’en produit. Des céréales aux viandes, en passant par le jus (bourré de sirop de maïs) et les fruits (dont la couche de cire qui les fait reluire est un dérivé de maïs). Pollan nous montre également comment l’être humain poussa même l’extrême jusqu’à modifier la biologie animale de certaines espèces à son profit. Les vaches et le saumon ne mangent naturellement pas de maïs et ne peuvent pas digérer ladite plante ? Pas grave. On nous démontre avec brio des trucs utilisés par les tenants de l’élevage intensif pour faire ingérer cette plante bon marché à ces animaux, avec les conséquences désastreuses que l’on peut s’imaginer sur leur santé et sur la nôtre.

À cet effet, saviez-vous qu’au niveau nutritif, manger du saumon d’élevage ― par opposition au saumon sauvage ― revenait à peu près à manger un steak ? Et, parlant de steak, saviez-vous qu’il y a de bons indices qui suggèrent que ce n’est pas nécessairement la viande rouge que l’on ingère qui cause les fameux problèmes cardio-vascualires dont nous sommes victimes, mais plutôt ce que la vache elle-même a mangé avant que nous l’ingérions à notre tour ? Or, pour l’industrialisation moderne, ça n'a aucune importance, car vous ne le savez pas. Au diable les valeurs nutritives du poisson et des bons gras : pour eux, une viande c’est une viande, même au niveau moléculaire. Ça fait peur.

J’entends déjà les tenants du monde « bio » se sentir à l’abri de ces affres alimentaires contemporaines. Pas si vite ! Qu’à cela ne tienne, Pollan passe le tiers du bouquin à nous démontrer à quel point l’industrie biologique ― un paradoxe historique en soit ― n’est en réalité qu’un leurre monumental et un lobby puissant qui ne vise en fait qu’à redonner bonne conscience aux consommateurs qui désirent redécouvrir leurs racines pastorales. Vendre l’image du retour à la terre, voilà ce qui compte pour ce courant de pensée alimentaire qui aime bien jouer sur les zones grises de la loi pour faire passer ses produits comme « biologiques », alors qu’ils sont pratiquement identiques à ceux conventionnellement manufacturés.

À l’aide de nombreuses anecdotes savoureuses, Pollan nous fait découvrir ses expériences personnelles, ponctuées d’analyses cartésiennes saisissantes et de faits cachés qui surprennent énormément. D’une certaine manière, le « dilemme de l’omnivore » qu’il nous présente demeure en quelque sorte son Discours de la méthode personnel, une manière pour Pollan de remettre toutes ses habitudes alimentaires en question, d’aller « voir » la chaîne alimentaire en action et de vivre, ne serait-ce que pour quelques semaines ou quelques mois, dans la peau des artisans de tous les courants de la pensée alimentaire contemporaine (industriel, biologique, végétarien, chasseur, etc.). Il pousse d’ailleurs l’expérience à son meilleur en se donnant comme défi de recréer la chaîne alimentaire complète d’une croquette de poulet McDonald’s et en créant un repas à partir d’ingrédients qu’il a lui-même cueillis ou chassés (de l’animal au sel de mer, en passant par les champignons et les fruits).

En faisant une analyse captivante d’un pan de notre vie que nous considérons souvent pour acquis, Michael Pollan fait le point sur nos habitudes alimentaires sans tomber dans l’activisme et l’extrémisme de certains groupes de pression anarchistes. Le bouquin fait une analyse vivifiante du domaine de l’alimentation et nous fait considérablement réfléchir à notre perception face à la bouffe. Une lecture fortement conseillée, qui n’a pas fait la liste des dix coups de cœur du New York Times de 2006 pour rien...

Michael Pollan, The Omnivore’s Dilemma: A Natural History of Four Meals, The Penguin Press, 2006.

2008-04-20

Le coeur n'y est juste pas...

Je m’étais promis de ne pas parler de hockey, mais il semble bien que le sujet demeure incontournable en ces séries éliminatoires annuelles où, pour la première fois depuis longtemps, les Canadiens semblent se débrouiller ne serait-ce qu’un tantinet mieux qu’à l’habitude. Je dis bien qu’ils ‘semblent’ mieux se débrouiller puisque, jusqu’à maintenant, leur victoire en toute première ronde est loin d’être assurée. Et vous savez ce qui me tape dans toute cette histoire ? Ça ne fait que commencer et malgré tout, Montréal est pâmée, la province est en extase et tout le monde n’arrête pas de parler de la fièvre de la coupe ! Non mais franchement...

C’est quoi cette histoire de crucifier Michael Fortier parce qu’il prend pour les Rangers aux dépens des Canadiens ? C’est quoi cette histoire de fanions sur les autobus et, comble de dégoût et d’effroi, sur les VOITURE DE POLICE ?! Revenez-en, batinsse ! C’est juste du hockey !

Bon d’accord, je vous le concède, j’aimerais ça être passionné comme vous. Ne pas voir l’absurdité derrière toute cette galère d’exagération, ça serait l'extase. D'ailleurs, pouvoir « rentrer » dans la game comme vous tous, ça me ferait peut-être du bien. Pourtant, Dieu sait que j’aurai bien essayé lors de mes années montréalaises. Je pensais même y être arrivé en me pointant à quelques reprises au centre Bell pour encourager le tricolore.

Mais tout sport confondu, savez-vous quel est le vrai test d’un partisan ? Le vrai test, c’est lorsqu’il demeure partisan de son équipe favorite même lorsqu’il n’habite plus la ville que cette équipe représente. Or, malheureusement pour moi, le cœur n’est plus avec les Canadiens depuis mon départ de Montréal. En fait, en rétrospective, c’est bien triste de le constater, mais il ne l’a jamais vraiment été.

Le cœur, pour moi, il était avec les Nordiques. Comme Lagacé l’écrivait hier matin dans sa correspondance avec Michèle Ouimet, le hockey, c’était pour moi aussi une passion d’enfance, un souvenir ancré profondément dans mes racines québécoises, une histoire de cœur. Or, à l’instar de Lagacé, moi j’ai perdu mon rêve à 17 ans, un beau soir de printemps en l’an de grâce mil neuf cent quatre-vingt-quinze. À ce moment, le cœur est parti et le cœur n’est jamais revenu. Comme dirait l’autre, c’est plate, mais c’est ça. Vous ne comprenez pas ? Disons que c’est un peu comme demander à un fan du Canadien de prendre pour une autre équipe durant les séries éliminatoires actuelles. Le mec pourra bien essayer et faire semblant, mais le cœur n’y sera pas...

J’habite à 132 km des Rangers, à 139 km des Islanders, à 146 km des Devils, à 220 km des Bruins, à 279 km des Flyers, à 495 km des Capitals et... à 592 km des Canadiens. Loin des yeux loin du cœur, paraît-il ? Assurément. En revanche, j’habite aussi à 61 km de Hartford, à 750 km de Québec et à 2783 km de Winnipeg. Ironiquement, peu importe le cours de géographie, mon cœur de hockey se retrouve pas mal plus dans ces équipes du passé que n’importe où ailleurs dans les équipes du présent...

Les séries éliminatoires ? Pfff... Je préfère de loin me taper un bon film. Vivement Boston en 7 qu'on puisse finalement passer à autre chose ! Ou sinon Pittsburgh en 4, comme ils ont fait avec Ottawa. Non mais ça n'a aucun bon sens, tous les blogues normalement intéressants ne parlent que des platitudes des séries éliminatoires actuelles (même le mien, tiens !). Réglons ça au plus sacrant qu'on puisse enfin recommencer à penser.

2008-04-17

La virtuosité dans la simplicité : un mec et sa guitare

L’être humain est facilement impressionné par la vitesse. On roule vite, on travaille vite, on vit vite. Or, l’art vite, ça ne fonctionne pas toujours bien. À cet effet, la culture populaire a souvent tendance à véhiculer l’idée que la vitesse d’une performance (par exemple celle d’un guitariste) est synonyme de supériorité. Non seulement s’agit-il d’une erreur monumentale, mais elle cache même souvent des faiblesses techniques majeures.

Descendants spirituels extrêmement doués de musiciens classiques aux accents de jazz et de blues, les compositeurs acoustiques qui se consacrent à ce que l’on appelle aujourd’hui le ‘fingerstyle guitar’ réussissent à transmettre des émotions pures et une beauté musicale absolument incroyable, tout en démontrant une maîtrise foudroyante de leur instrument.

Pour un modeste guitariste de mon acabit, les heures s’écoulent souvent bien malgré moi à apprécier leurs performances. De ces temps-ci, mes deux favoris demeurent indubitablement Andy Mckee (un jeune Américain du Kansas) et Antoine Dufour (un Québécois originaire de l’Épiphanie). Non seulement les deux se connaissent très bien et collaborent régulièrement ensemble, mais ils sont également soutenus par la même compagnie de disque (Candyrat Records).

Pour la beauté musicale et la technique impeccable, je suis persuadé que vous ne regretterez pas la découverte :

Andy McKee – Rylynn
Andy McKee – Drifting
Andy McKee – Tight Trite Night (Don Ross)
Antoine Dufour – Glimmer of Hope
Antoine Dufour – Dracula & Friends, Part I (Don Ross)
Antoine Dufour – Mélancolie du changement
Antoine Dufour – Toi et moi (You and I)

2008-04-14

La prose parfois extrême des deux francs-tireurs


L’un des blogues que je lis avec le plus d’assiduité est celui de Patrick Lagacé. Je ne saurais dire pourquoi, mais il s’agit pour moi d’aller chercher un certain réconfort quotidien dans ce monde sans ambiguïté, dans ce monde qui fait parfois du bien aux neurones puisqu’il permet régulièrement de mettre son cerveau à ‘off’. Non pas que Patrick ne parle que de sujets légers (à part peut-être le sport), mais avec ses chroniques, pas besoin de penser trop intensément, car tout comme avec les opinions de son comparse Richard Martineau ― dont j’adorais la prose populaire dans le temps où j’étais abonné à l’Actualité ― il est bien rare que les choses soient subtiles et grises. Avec eux, le monde est régulièrement coupé carré, peuplé de bons et de méchants, avec des valeurs morales clairement définies : les bonnes et les mauvaises. Ouain...

Si tu fais partie des gens « normaux » qui considèrent la vie humaine plus importante que tout, tu es bon; si tu fais partie des « gau-gauchistes » animalistes qui la voient à même égalité que celle des animaux, tu es méchant. Si tu lis les chroniques occidentales qui donnent des nouvelles sur la situation des droits de l’Homme en Chine, tu les crois et tu es bon; si tu lis celles qui proviennent de la Chine ou d’un média qui contredit la vision occidentale, tu es mal informé et méchant. C’est noir ou c’est blanc, il n’y a point d’autre salut. En fait, ces gars-là ne se préoccupent pas trop des conséquences éthiques de leurs jugements de valeur et ça ne leur fait pas un pli sur la poche. D’ailleurs, ce sont des grandes gueules et ils l’assument. En fait, même le titre de leur émission commune est révélateur à ce sujet : les francs-tireurs. Le blogue de Martineau s’appelle d’ailleurs « Franc-parler ». C’est pas peu dire.

Le seul problème avec une grande gueule, c’est que ça dit souvent des choses pas toujours réfléchies et/ou analysées profondément. Je le sais, moi aussi ça m’arrive d’être une grande gueule ! En fait, dire qu’ils ne réfléchissent pas est faux puisqu’ils réfléchissent constamment, mais ils ont souvent de la difficulté à se mettre dans la peau de l’autre, de l’autre côté de la médaille du référentiel des valeurs morales occidentales. Au demeurant, s’ils réussissent à le faire, l’étape suivante s’avère souvent insurmontable : sortir de leurs multiples années d’éducation et de leur perception nord-américaine qui, elle aussi, sans qu’ils s’en rendent souvent compte, est truffée de biais et de propagande pro-occidentale insidieuse. Ce dernier point, ils ont soit de la difficulté à le voir, ou encore ils ont de la misère à l’accepter (s’ils ne le refusent pas carrément).

À cet effet, les perceptions occidentales et orientales de la situation au Tibet en sont un bon exemple. Personnellement, je ne suis pas en faveur de la souveraineté tibétaine et je ne suis pas en accord avec la position chinoise non plus. Je considère juste ne pas être suffisamment informé sur toute cette situation pour prendre une décision éclairée. D’ailleurs, il me semble que quiconque n’a pas passé un bon bout de temps à étudier la situation historique et géo-politique, à vivre ce qu’elle est sur le terrain et à s’informer sur plusieurs fronts (i.e. pas juste avec les médias de masse occidentaux) n’est pas en mesure d’avoir une opinion tranchée sur le sujet.

En gros, ça revient un peu à la perception qu’ont certains Canadiens anglais ou certains Américains par rapport au mouvement souverainiste québécois. Ils ne sont pas informés, ils ne comprennent pas bien la situation et ils se permettent quand même d’avoir une opinion qui contraste bien souvent avec la réalité vécue sur le terrain au Québec (voir ici pour quelques exemples). Avoir une opinion, c’est leur droit fondamental, mais en faisant partie d’un référentiel politique externe à celui du Québec, ils doivent savoir que leur perception est fortement biaisée, tout comme la nôtre l’est par rapport à la situation des droits de l’Homme en Chine et au Tibet. En fait, n'importe quelle opinion d'un observateur externe demeure extrêmement biaisée et mal informée par rapport à presque toute situation de la vie quotidienne d'un autre individu ou d'un autre peuple. Le truc, c'est de ne pas juger à prime abord.

Pour la crise tibétaine, il s’avère que je travaille avec des Chinois qui apportent une perception complètement différente de celle que l’on considère fondamentalement essentielle en tant qu’Occidentaux. Ces gens-là viennent de Chine et ne sont pas, comme on voudrait le croire, sous l’emprise de leur gouvernement « totalitaire ». Ils sont des êtres humains intelligents, capables de raisonnement et qui réfléchissent à toute cette affaire de manière logique, avec leur éducation orientale et leur observation occidentale respectives. Ces gens-là, ils arrivent souvent à une conclusion différente de la nôtre et il faut l’accepter. Attention, je ne dis pas qu’ils ont raison ! Je dis juste qu’une opinion tranchée, d’un côté comme de l’autre, ça ne vaut pas grand-chose et que ça alimente bien souvent les préjugés.

Les principaux intéressés n’aimeront probablement pas ma comparaison, mais les Patrick Lagacé et Richard Martineau d’aujourd’hui sont quelques-fois, d'une manière plus « légère », les Jeff Filion de la presse écrite québécoise, c’est-à-dire des gens qui refusent souvent la discussion. Attention ! Pas tout le temps, mais quelques-fois.

J’ai grandi à Québec et j’ai écouté Filion pendant plusieurs années à CHOI. Contrairement à ce que la presse écrite en a dit lors du scandale Chiasson, le bonhomme n’était pas démoniaque et la chasse aux sorcières dont il a été victime n’en valait assurément pas le coup. Filion, c’était une grande gueule à la Gilles Proulx ou André Arthur qui est allé trop loin dans ses opinions tranchées et qui s’avérait posséder une tribune journalistique pour faire passer ses idées trash. Il a fait des erreurs, il a dû en payer les conséquences et c’est bien fait pour lui. Mais dans le fond, Filion disait tout haut ce qu’une majorité de la population pense souvent tout bas. Un gars qui, comme la population en général, ne se donne pas toujours la peine d’étudier l’autre côté de la médaille de manière profonde et qui base couramment ses opinions sur des préjugés.

À l’exception du fait que les Lagacé et Martineau ont un passé intellectuel derrière eux et qu’ils ne touchent pas au pipi-caca, ils sont similaires dans ce sens qu’ils font souvent du journalisme provocateur. Ces gens-là sont tellement convaincus de la véracité de leurs arguments moraux qu’il est difficile de leur faire changer d’idée. Ils vont d’ailleurs régulièrement lancer une idée sur leur blogue et ils vont laisser les gens en débattre dans la section des commentaires sans pour autant y revenir et avoir une discussion de fond sur le sujet. Pendant que les commentaires s’alignent, eux, ils sont déjà dans la prochaine histoire, dans le prochain topo, convaincus de la véracité de leurs propos initiaux et de la finalité du débat.

Un exemple récent ? Les droits des animaux. Pour Lagacé, c’est comme ci et comme ça. Trente secondes et au suivant ! Se donnera-t-il la peine de lire Peter Singer et de remettre ses valeurs en question ? J’en doute. Ou s’il l’a fait, ça ne paraît pas beaucoup dans ses propos. Pourtant, même moi qui ne suis aucunement animaliste ni végétarien, j’en ai lu quelques bribes et laissez-moi vous dire que ça fait réfléchir, surtout dans la perspective utilitariste dans laquelle notre société vit. À tout le moins, les arguments de Singer ― l’un des philosophes contemporains les plus respectés, d’ailleurs ― font assez réfléchir pour savoir que la question éthique des droits des animaux, ce n’est pas bing bang boum, trente secondes et au suivant... Et ce n’est même pas aussi clair que la vie d’un humain par rapport à celle d’un animal. En fait, c’est pas mal plus complexe que ça et ça mérite de s’y arrêter.

Oui Watson est passé dans l’extrémisme dans ses positions par rapport à la chasse aux phoques et il n’a pas eu raison d’aller si loin (en disant notamment que la mort des pêcheurs madelinots était justifiée). Par contre, ce que Lagacé ne semble pas se rendre compte, c’est que lui aussi penche vers l’extrémisme dans ses paroles. C’est de l’extrémisme de prose journalistique qui vire pratiquement à la limite du trash. Pour lui, la vie d’un être humain sera TOUJOURS plus importante que celle d’un animal. C’est final bâton et le sujet est clos. Il passe même aux actes pour le prouver : il achète du phoque et envoie un porte-clé en peau de phoque à Watson en l’injuriant. Ça, c’est loin d’être l’action d’un homme qui a pris le temps de réfléchir aux conséquences éthiques de ses paroles, de ses actes et de sa position morale.

Mais bon, que voulez-vous ? C’est du show, ça fonctionne et les gens en redemandent. En quelque sorte, c'est la version montréalaise plus douce et politiquement correcte de la radio trash que faisait Filion à Québec. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles on aime bien les lire ces journalistes parfois extrêmes : les gars sont là pour faire du journalisme populaire et faire ressortir ce que le monde pense souvent tout bas dans leur petit cercle clos. C’est compréhensible et, dans une certaine mesure, même désirable. Mais là où il faut faire attention, c’est dans l’importance que l’on accorde à leurs propos. Les gars ne sont clairement pas là pour faire de la philosophie et ils ne savent pas toujours de quoi ils parlent. Gardons-le en tête.

2008-04-12

Mes émissions polluantes

Le billet de Renart est ici. Mon commentaire est là :

Il y a très exactement un an, j’étais dans la même situation que toi : nécessité absolue de me procurer une voiture, désir de demeurer propre face à l’environnement, questions existentielles par rapport à mes principes éthiques de transport en commun, etc. Et là, ça m’a quand même frappé de plein fouet :

Né en 1978, pas de permis de conduire avant 2006 (28 ans), pas de voiture avant 2007 (29 ans). Quand même, je peux au moins me consoler en me disant que j’ai été bien en deçà des émissions polluantes de la majorité des occidentaux pendant un pourcentage non négligeable de mon existence ! De plus, la petite Toyota Echo qui m’appartient aujourd’hui roule pratiquement à l’eau et je ne l’utilise même pas pour aller au travail (je marche).

Y’a assurément des gens qui ont un portrait plus reluisant que le mien à ce niveau, mais y’en a une méchante gang qui fait pas mal dur en comparaison. Surtout dans le pays où je vis...

Et l’ironie dans tout ça ? En raison de mon inexpérience de conduite, c’est quand même moi qui paye la facture la plus salée en assurances ! Comme quoi le monde dans lequel nous vivons est loin de fonctionner sur des principes environnementaux...

2008-04-11

Bloxorz

Attention à ce petit jeu en ligne, vous pourriez bien en devenir accro ! D'ailleurs, c'est pas mal en train de m'arriver, moi qui n'aime généralement pas du tout ce genre de trucs : http://www.miniclip.com/games/bloxorz/fr/

2008-04-08

"Les keufs"

Foglia nous présente un topo intéressant sur les flics ici et son anecdote m’a fait réfléchir aux flics américains de la Nouvelle-Angleterre qui, je m'en rends bien compte aujourd'hui, se comportent combien différemment de leurs homologues québécois au niveau du renforcement de la loi sur la route.

Au Connecticut, au Massachussetts, au Vermont et dans l'état de New York ― c’est-à-dire les quatre états que je parcours assez régulièrement en voiture ―, l’auto est un droit inaliénable et on ne titille pas avec ça. La police américaine, elle se consacre au crime. C’est tout. En fait, les infractions de la signalisation routière et du code de la route, on dirait qu’ils n’ont jamais entendu parler de ça. Clairement, ce n’est pas là-dessus qu’ils mettent leurs priorités ! À vrai dire, à part pour la vérification des excès de vitesse sur l’autoroute, je n’ai jamais ressenti aucune pression policière pour renforcer le code de la route en milieu urbain.

Oh, ne me méprenez pas ! La police est quand même partout, mais elle se consacre exclusivement à la prévention des crimes violents (qui sont d’ailleurs légion dans ma petite contrée de New Haven, l’une des villes américaines avec une réputation extrêmement déguelasse à ce niveau). On voit les flics rôder, on voit les flics suspicieux, on voit les flics observer les gens louches, on voit des flics disperser des foules...

Mais regarder les automobilistes ? Jamais. En fait, dans ce pays où la voiture est reine, soupçonner un automobiliste d’une infraction est pratiquement un crime en soit ! Stationné tout croche dans la rue, proche d’une borne fontaine ou face à une interdiction ? Pfff... Ils ne remarquent même pas ton char. En fait, vous devriez voir le stationnement du poste de police : les chars stationnés sur les trottoirs, sur la pelouse, etc. C'est l'asile.

Ici, contrairement au Québec, la police n’est pas une machine à donner des contraventions, et ça se sent. À vrai dire, ça fait même pas mal de bien ! Pas besoin de se soucier du fait qu’on n’a pas de permis pour stationner dans la rue (malgré la présence de pancartes qui stipulent le contraire) et pas besoin d’être constamment sur le qui-vive.

C’est plate, mais dans la Belle Province, on dirait que les forces de l’ordre ne servent qu’à accumuler des taxes dissimulées sous forme de quotas de contraventions. Vous n'avez jamais remarqué ça vous ? Bon d'accord, il ne servent pas qu'à ça, mais disons qu'ils sont forts là-dessus. Société sursaturée de taxes et d’impôts, il faut en plus qu’on presse sur le citron pour aller en chercher davantage en favorisant l’abus de pouvoir et le zèle forcé.

Puis à part de ça, voulez-vous bien m'expliquer pourquoi on n'entend jamais parler des statistiques routières et des accidents de la route aux USA ? Au Québec, on nous rend malade à chaque année avec le nombre de morts sur les routes, la SAAQ fait des annonces percutantes, les gens se préoccupent de la sécurité routière à outrance et les journalistes n'arrêtent pas de faire ressortir le plus petit détail croustillant à propos du dernier accident de "la fin de semaine de Pâques, de Noël, etc.". Ici, niet. Rien de tout ça. Jamais entendu parler d'accidents ou de sécurité routière. Les meurtres au coin de la rue ? Ah ben ça par exemple...

Loin de moi l’idée de vouloir encenser la répression policière et le régime de peur des Américains, mais à voir leur qualité de vie, la quantité de services et les avantages qu’ils ont par rapport à leur taux de taxation, je me demande bien ce qu’on fait avec l’argent de nos impôts au Québec...

2008-04-05

La nostalgie du disque compact (deuxième partie)


Télé Dynamique, Kébec Disques, Musique d’Auteuil, etc. À part mes propres souvenirs d’enfance et d’adolescence (voir le billet précédent), qu’est-ce que ces commerces ont-ils donc tous en commun ? L’histoire d’un passé révolu, d’une diversité perdue, d’une passion qui n’existe plus et d’un désir de servir qui se perd désormais dans la fausse politesse des commis des multinationales. Où sont donc rendus ces lieux mythiques qui nous tenaient jadis tant à cœur ? Ils se sont tous malencontreusement perdus dans une histoire connue et répétée à maintes reprises dans le monde occidental au courant des dernières années, et qui a toujours le même portrait : la fermeture des magasins locaux au profit de la monotonie de ce que j’aime bien appeler les « chaînes de montage ». Mais ne nous méprenons pas trop vite ! Nous en profitons amplement de ces chaînes de montage. En revanche, la relation que l’on cultive avec elles demeure pour ainsi dire assez monotone, sinon dans bien des cas carrément désagréable.

À première vue, le succès commercial des Best Buy, Archambault, Future Shop, Target, Wal-Mart et compagnie demeure bien avantageux pour le consommateur puisque celui-ci y trouve inévitablement des prix qui défient toute concurrence. Or, comme dans plusieurs situations de la vie quotidienne, la réalité demeure souvent bien différente. Après m’être lancé à la recherche des Bach, Slayer, Keith Jarrett, Trevor Pinnock, Richard Desjardins et compagnie dans plusieurs magasins de disques neufs et d’occasion de Montréal, Berlin, Paris, New York, en passant par New Haven, San Francisco, Boston et Los Angeles, le constat demeure toujours le même : fermeture des magasins qui vendent de l’usagé, rétrécissement des sections moins « rentables », fermeture des chaînes hétérogènes (notamment Tower Records) et diminution de la spécialisation, de la connaissance et de la diversité. Diversité des étiquettes distribuées, diversité des genres, des styles, du choix et ironiquement... des prix. Car la monotonie de l’identité des prix, des politiques du « nous accotons le prix du concurrent », tout cela mène inévitablement à l’uniformité des produits et des ventes.

Cette réalité du commerce de CD local m’est rentrée en pleine face il y a moins d’un an lorsque j’ai appris la fermeture d’une autre institution montréalaise du disque d’occasion : Le Tuyau Musical, sur l’avenue Mont-Royal. Tollé général, manifestations, mécontentements. Bref, on en a fait tout un plat sur le Plateau (sans jeu de mots). Bien que j’eusse été un client régulier de l'endroit à l’époque, je n’arrivais pas à m’impliquer émotivement dans tout ce débat. Du moins, c’est l’impression que j’en avais sur le moment, malgré mon attachement évident à ce petit coin unique de la métropole québécoise. En revanche, le choc fut brutal lors de mon arrivée aux États-Unis : absence presque totale de petites chaînes d'occasion, monotonie des chaînes de montage, choix inexistant.

À cet effet, mes amis mélomanes et moi avions l’habitude de faire ce que nous appelions dans le temps « la route des CD » de Montréal. À la recherche de trouvailles ou de nouveautés croustillantes, la route commençait indubitablement par les HMV, Music World et Future Shop de la Ste-Catherine, faisait un saut à la bibliothèque nationale et se terminait enfin dans les plus petites boutiques de disques d’occasion des rues St-Denis et Mont-Royal (qui tombent d’ailleurs comme des mouches depuis l’arrivée du 21e siècle). Paradis terrestre pour le mélomane à la recherche de la découverte musicale à bas prix et de la diversité indépendante et commerciale, comment expliquer leur soudaine descente aux enfers ?

Avec raison, certains pointeront du doigt les grandes surfaces, mais je serais prêt à avancer que le réel « coupable » dans toute cette histoire demeure Internet. La corrélation est stupéfiante : l’accessibilité du public aux catalogues des grandes chaînes des magasins de disques en ligne (et conséquemment de la liste de ce que ceux-ci conservent dans leurs entrepôts) a littéralement anéanti la nécessité d’apporter le produit au consommateur. On n’a plus besoin de faire le tour des 4e et 5e étages de Musique d’Auteuil pour échantillonner ce qu’il y a de nouveau ou ce qui s’en vient, car les chaînes virtuelles comme Amazon et eBay nous permettent amplement de satisfaire notre curiosité musicale sans avoir à lever ce gros derrière de notre chaise. En apparence, tout semble au rendez-vous dans ce couple virtuel, tant pour les commerçants (réduction de l’effort du choix, des coûts de livraison, des surplus de stock) que pour les consommateurs (augmentation exponentielle du choix et, dans la plupart des cas, réduction importante du montant dépensé pour le même produit).

Mais encore une fois, la réalité demeure toute autre...

Finies les longues soirées à chercher le meilleur prix d’une nouveauté musicale en marchant dans le froid hivernal de la métropole avec ses copains, finies les découvertes qui font battre le cœur à toute allure lorsqu’on aperçoit le prix ridicule d’un disque que l’on cherchait depuis longtemps, finies les étagères poussiéreuses qui croupissent sous le poids des CD et des années, finie l’atmosphère unique et irremplaçable, fini le charme et finis les souvenirs. Place à l’uniformité. Place à l’homogénéité.

Aussi bien dire que l’on perd notre humanité... C’est dommage.

2008-04-03

La nostalgie du disque compact (première partie)


Le soleil tapait très fort en ce jour d’été de mes 12 ans. Moi et mon père marchions avec entrain sur le pavé chaud de la rue où j’ai passé la plus grande partie de mon enfance vers une destination qui me plaisait beaucoup à l’époque : Télé Dynamique. Commerce électronique indépendant, local et familial, la boutique déménagea ses pénates de l’autre côté de la 80e rue pour prendre un peu d’expansion quelques années plus tard. Tout ça, c’était bien évidemment avant qu’elle ne subisse les affres de la mondialisation et de la concurrence internationale, qui ont éventuellement mené à sa perte.

J’oublie exactement quand toute cette histoire s’est passée, mais l’image de cette journée fatidique restera toujours profondément ancrée dans mes souvenirs d’enfance, car il s’agissait de la toute première fois que mon père m’amenait acheter l’objet de mes désirs les plus profonds du moment : la toute première chaîne stéréo que j'avais le droit de choisir. Mon choix s'était arrêté sur une Hitachi qui ressemblait à une grosse mouche noire avec deux lecteurs cassettes, radio AM-FM, capteur d’ondes courtes et surtout, mon premier lecteur CD. À l’époque, ce n’était pas rien !

En fait, au début de la décennie du grunge, le CD était encore un objet de luxe pour lequel j’ai payé des montants faramineux sur une base régulière pendant plusieurs années. Mon ami Proulx en était d’ailleurs découragé : « Va pas acheter tes CD chez Vidéotron, tu te fais fourrer ben raide ! Va au marché aux puces à la place ! » Il avait raison le pauvre, mais c’était difficile pour moi de justifier le déplacement. Voyez-vous, à 12-13 ans, le marché aux puces, ce n’était pas nécessairement la porte d’à-côté.

Non, dans le temps, le Vidéotron proche de chez moi demeurait indubitablement le meilleur endroit pour dénicher mes trouvailles, même si le choix était, pour ainsi dire, plus que limité. En fait, le Vidéotron et le Kébec Disques du Carrefour Charlesbourg demeurèrent mes lieux de prédilection pendant les bonnes années du début de mon adolescence. Je m’en souviens comme si c’était hier : le prix normal d’un CD était de 19,99 $, ce qui revenait à 23,10 $ avec les taxes. Maudit que le gouvernement en a fait de l’argent sur le dos de mes disques neufs à cette époque ! J’en ris encore, d'autant plus que mes découvertes musicales se font souvent aujourd'hui au dixième de ce prix-là...

Avec les années, je me suis tout de même diversifié un tantinet, tant au niveau commercial qu’au niveau musical. Grand amateur de musique pesante, j’ai découvert la musique classique aux alentours de mes 16 à 18 ans et je prenais régulièrement la 800 pour me rendre chez Musique d’Auteuil au centre-ville. Complètement fou le bonhomme : une ‘ride’ de 45 minutes d’autobus (aller simple) que je faisais à presque tous les vendredis soirs uniquement pour aller passer du bon temps dans la section classique des 4e et 5e étages dudit commerce.

Les plus vieux se souviendront très bien de Musique d’Auteuil, mais les plus jeunes ne pourront se donner qu’une pâle idée de l’esprit qui y régnait jadis en visitant la piètre imitation contemporaine de l’endroit : le Archambault de la rue Saint-Jean. Tout comme mon intérêt pour la place, la section classique fut malheureusement considérablement rétrécie avec les années, si bien qu’elle ne mérite plus vraiment le détour. Comme celle du Archambault de Place Ste-Foy d’ailleurs. En fait, comme celle d’à peu près tous les magasins de disques du Québec, qui débordaient pourtant de trucs géniaux dans ce temps.

Musique d’Auteuil, c’était littéralement une institution dans la Vieille Capitale. Je serais même prêt à dire que sa réputation dépassait largement les frontières de la région. En fait, j’y étais tellement rendu souvent que le gérant me connaissait et me saluait à chaque visite. Aux dernières nouvelles, le bonhomme travaillait encore pour Archambault il y a quelques années, mais il a fait le saut vers la maison mère de Berri dans la métropole, où je l’ai recroisé à quelques reprises durant mes années de thèse.

Mais bon, je m’éloigne de mon propos. Retour sur le droit chemin dans le prochain billet...

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