2008-12-14

L’importance de vivre au présent


Fonds de pension, RÉER, hypothèques, placements. On aime ça ramasser de l’argent, hein ? 

Vous vous êtes déjà arrêté pour y réfléchir ? Réfléchir au train de vie quotidien imposé par cette pression sociale qui nous pousse à vivre dans le futur ? Cette pression qui nous force aujourd’hui à oublier notre adolescence et notre vie de jeune adulte dans le but de tout mettre de côté pour « vivre ses vieux jours » ?

Vous savez bien de quoi je parle. La même pression qui nous laisse présumer que ce qu’on écrit dans les journaux est toujours vrai. Cette pression qui nous force à croire que nous sommes incapables de vivre sans téléphone cellulaire (comme si nous n’avions jamais vécu au 20e siècle). Ou encore cette pression qui nous suggère fortement de la nécessité de faire deux visites chez le dentiste à chaque année (comme si, pour sa survie, l’humanité entière allait chez le dentiste depuis l’homme de Cro-Magnon). 

Dans la même lignée, il est ironiquement comique et fortement absurde d’observer l’Occident à la recherche du bonheur dans cet idéal doré qu'il se plaît à croire futur. Comme si la vie était faite pour vivre quand on n’a justement plus le temps de la vivre. Comme si on devait se mettre des balises pour les trois quarts du parcours dans le but de « trouver le bonheur » dans le dernier quart. Et tout ça sur deux paris très risqués : 1) croire qu’on sera plus heureux que maintenant dans le dernier quart de notre vie, et 2) croire qu’on sera encore là pour voir le supposé dernier quart de notre vie...

Deux paris impossibles. Deux paris ridicules.

Car la vie en décide parfois autrement.

Je ne suis pas sur le point de mourir, mais lorsqu'on ne prend pas le temps de se virer de bord, la vie trouve bien souvent le tour de nous faire réfléchir. Et comme la vie peut nous faire réfléchir à travers les yeux d’une jolie demoiselle que l’on aime, elle peut aussi nous faire réfléchir sous la forme d’un carcinome basocellulaire.

Et quand elle nous fait réfléchir, elle nous rentre dans les dents sans crier gare, la vie. Tu ne pensais pas à moi, n’est-ce pas ? Ben là il est temps que tu penses à moi un peu. 

Boom !

Voilà environ deux semaines que le diagnostic est rentré : cancer de la peau. Sous mon œil droit. Deux ans au moins qu’elle est là la petite maudite tache rouge qui ne part pas. Deux ans pourtant que le dermatologue du Québec me dit que ce n’est rien. Plutôt ironique de constater que certains chialent contre les médecins américains qui, apparemment, ne savent rien. Mon expérience à moi me dit plutôt que c’est le médecin québécois qui ne savait rien. Car les médecins de Yale, eux, ont levé les sourcils d’inquiétude dès la première consultation.

Carcinome basocellulaire. Encore une chance qu’il s’agisse d’un cancer bénin dont l’évolution lente demeure extrêmement favorable. T’as un cancer à avoir ? Apparemment que c’est lui qu’il faut choisir.

Cancer bénin, soit. Reste que c’est un cancer pareil, et que je l’ai développé à 30 ans (28 même, puisque ça fait au moins deux ans qu’elle est là cette merde). Reste que c’est inquiétant pareil, et que ça te gruge l'intérieur psychologiquement. Reste que les perspectives de développer un autre cancer dans l’avenir ne sont pas très roses de mon côté. Et reste que c’est une bonne manière de se rendre compte que si tu n'es pas heureux présentement, là, tout de suite, right now, c’est que t’es dans la merde profonde bonhomme.
 
Heuresement que mes réponses à moi ne sont pas trop pires. Mais Occident : ton bonheur, ce n’est pas dans tes fonds de pension, tes RÉER, tes hypothèques, tes placements et ta retraite que tu le trouveras. C’est là, maintenant, tout de suite que tu dois le dénicher. Et contrairement à la croyance populaire, il ne vient pas sous la forme d'un gros coup financier. Il est construit de petites situations quotidiennes, de détails et de moments qui deviendront bientôt des souvenirs.

On ne s’en rend pas vraiment compte avant que ça nous rentre dans les dents, mais la vie chambarde bien souvent tous nos petits plans. 

Et c'est peut-être aussi bien ainsi.

8 commentaires:

Anonyme a dit...

Je te souhaite la meilleure des chances. Prends soin de toi.

Anonyme a dit...

Je te souhaite la meilleure des chances. Prends soin de toi.

Le Redneck a dit...

Une chance... je me considère heureux présentement. Mais je sais pas si tout le monde sont pareil. Moi je me met pas de l'argent de côté en pensant être plus heureux à la retraite ou pour faire le tour du monde ou avoir un beateau. Je le fais simplement pour pas être dans la rue.

À notre âge on peut dire adieux aux pensions de vieillesse du gouvernement autant au Canada qu'aux USA. Même chose pour une pension de travail y'en a de moins en moins. Donc, rendu à 55 ou 60 ans si ta maison est payée, c'est bien le fun mais si t'a pas d'argent pour payer les comptes tu ira pas bien loin.

Pour le cancer, c'est freakant mais au moins t'a été chanceux dans ta malchance d'être tombé sur un cancer bénin surtout après la bourde des médecins québecois.

Moi je suis plus que dû pour un checkup chez le docteur (j'ai 33 ans) mais j'ai tellement peur d'y aller pis qu'on me parle de diabète ou de cholestérol ou même de cancer que j'arrête pas de repousser ça

Cacawet a dit...

Pour ton cancer, fait toi en pas. Ma mere a eu la meme chose dans la face elle aussi, et elle est toujours aussi jolie ;)
Pour ce qui est de la mentalité de ramassé de l'argent, j'en ai fait mon deuil.Je suis quand meme dans les priviliegés qui auront droit a un fond de pension a ma retraite, mais a part ça je m'en crisse.
J,essaie de profité de tout ce que la vie m'amene tout de suite. Car demain est un autre jour...

dean a dit...

Très bon texte, avec une fin un peu abrupte. Ça m'a fait quelque chose de lire ça.

Mais c'est seulement la fin de ton texte, mais le début d'une nouvelle aventure, chiante oui, mais s'en est une. :)

"Il est construit de petites situations quotidiennes, de détails et de moments qui deviendront bientôt des souvenirs." J'aime bien ces phrases.

Vivre maintenant, c,est ce qui est important, je supporte cette idée.

Et toute les bonnes énergies dont tu as besoin, je te les envoies. :)

Anonyme a dit...

Salut Nicolas,

Je comprends que tu as dû paniquer en entendant le mot "carcinome". C'est effectivement bénin un basocellulaire, on n'en meurt pas. Très rare à 28 ans en effet ! Sans doute que ta peau pâle ne t'a pas aidé...

Mais tout ce que tu dis est vrai, incluant pour les médecins qui ne savent rien, mais j'inclus aussi les médecins américains et tous les autres du monde. Mon expérience à moi en témoigne.

Je suis confronté assez régulièrement aux cancers qui frappent dans la fleur de l'âge de la retraite, vers 55 ans, et même chez les plus jeunes, et tous se disent la même chose que toi. C'est l'une des raisons qui fait que j'ai pris ma pré-retraite à 30 ans et commencé à m'occuper de moi. La confrontation fréquente avec la mort m'a un peu ancré les pieds sur terre et éloigné de mes idéaux sociaux, etc. Je vis ici et maintenant, pour mes proches et moi, et non pour un ailleurs et un demain ou pour les autres. Du moins j'essaie. Et te souhaite de même. Et pas besoin d'argent pour cela. Tout mon argent ne me rend pas plus heureux que lorsque j'étais étudiant et que je dansais derrière la classe de sciences physiques lorsque le prof avait le dos tourné avec toi qui pouffait de rire, excepté que je mange mieux...

Cela dit, ne t'en fais pas trop avec cela et profite du temps des fêtes et du reste de ta vie. On peut tous mourir en se faisant écraser par un camion de déneigement demain matin de toute façon. Seulement, on n'y pense pas, et c'est mieux ainsi.

PS: et n'oublie pas ta crème solaire!

Nicdou a dit...

Merci à tous pour votre réconfort, vos bons mots et vos encouragements. Je vous tiendrai au courant de la tournure des événements.

Perséphone a dit...

Wow! Fait du bien de lire ça! Bon courage, bonne année et crème solaire!

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