2008-08-10

La paranoïa sociale du char


Bilan routier mortel des vacances de la construction au Québec : 32 morts. Année record, consternation générale. Ma foi, même le premier ministre Charest fait des déclarations bourrées de compassion envers les familles des victimes.

Mais là y’a quelque chose qui me chicote un peu par rapport à tout ça :

Encore et toujours, pourquoi on ne parle que de ça au Québec ? Sans répit, tout le temps, à l’infini : sécurité routière, SAAQ, pneus d’hiver, amendes plus salées, publicités choc, zèle policier, études gouvernementales, première page des journaux, analyses statistiques, lignes ouvertes, paranoïa générale, etc.

D’accord, 8-9 morts par 100 000 habitants comparativement à 5-6 dans les pays scandinaves, ce n’est pas peu et ce n’est pas un bilan très reluisant.

Mais franchement, pourquoi c’est sous la plume de tous les journalistes à tout bout de champ, 365 jours par année ? Pourquoi les Québécois se font constamment casser les oreilles avec ça ? Pourquoi on injecte autant d’argent dans la publicité préventive année après année si on constate que ça ne fonctionne pas (clairement...) ?

8-9 morts par 100 000 habitants, c’est moche. Mais là moi je compare à mon environnement américain et je constate les faits (du moins ceux de 2004) :

Scandinaves : 5-6 morts par 100 000 habitants
Canada : 8-9 morts par 100 000 habitants
États-Unis, Pologne, Grèce : 14-15 morts par 100 000 habitants
Russie, Iran, Lituanie, Malaisie, etc. : 20 à 40 morts par 100 000 habitants !

Je suis loin de vouloir prêcher l’ignorance ou le laxisme sur les routes du Québec, mais à un moment donné il faudrait quand même qu’on en revienne ! Quand on se compare, on se console.

Dans tous les plans de la vie américaine, le conducteur automobile est roi. Et le roi ne sait pas conduire. Au Connecticut, on voit rouler des bagnoles enfoncées de partout, on est témoin de manœuvres dangereuses à tout bout de champ, on coupe les autres par pur défi, on roule à deux fois la vitesse permise dans les zones scolaires, etc.

Conduire au Québec par rapport à ici ? Un charme (même en comparaison à Montréal).

Ironiquement, jamais on n’entend parler d’accidents de la route dans les médias d’ici. JAMAIS ! Et ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas... Ici, c’est le régime de la peur qui règne et on parle des meurtres dans les médias. Les gens sont bien trop préoccupés par l’omniprésence de la violence qu’ils n’en ont rien à foutre des accidents de la route.

Au Québec, à défaut d’avoir beaucoup de meurtres (une chance...), on tombe néanmoins dans le même extrémisme avec les automobilistes et les accidents de la route. Au Québec, l’automobiliste est la cause de tous les maux, l’automobiliste devrait être crucifié, l’automobiliste doit couler son examen de conduite au moins une fois avant d’obtenir son permis, l’automobiliste doit obligatoirement mettre des pneus d’hiver pendant la saison des neiges, etc. J’ai déjà écrit là-dessus d’ailleurs...

Au Québec, en plus de faire payer à l’automobiliste près de trois fois le coût annuel américain en immatriculation et en permis de conduire, on souffre de « paranoïa sociale du char » !

Hé ho les journalistes : on change de disque, ok ?

Il me semble que ce problème est facile à régler, non ? On en a d’ailleurs la preuve avec l’expérience des pays européens : on met des radars-photo partout, on fait payer ceux qui se prennent pour des pilotes de F1 et la question est grandement réglée. Quand le conducteur doit payer à cause d'un système automatisé qui ne faillit pas, il lève le pied et y’a moins de morts sur les routes. C’est prouvé et c’est final bâton.

Et puis à part de ça, même si de tout mettre en perspective donne l’impression d’être un sans cœur, je le fais néanmoins :

3000 morts par année sur TOUTES les routes canadiennes (10 provinces et 3 territoires confondus), c’est loin des 159 000 qui apprennent souffrir d’un cancer, c’est loin des 72 700 qui en meurent et c’est aussi très loin des 72 338 décès liés aux maladies du cœur.

Et c’est surtout mauditement loin du nombre de décès annuel en Irak depuis le début du conflit en 2003 ! Faites le calcul juste pour le fun.

À un moment donné, y’a des limites à capoter avec nos routes...

4 commentaires:

Le Gentil Astineux a dit...

Nous sommes un peuple tellement tranquille que les accidents d'automobiles fait augmenter les cotes d'écoutes et vendre du papiers.
Je ne savais pas qu'on taisait autant que cela les accidents d'autos au Connecticut, peut-être pour protéger l'industrie automobile...

Anonyme a dit...

Peut-être parce qu'il se passe tellement rien ici qu'on a rien de mieux à dire?

Tsé, il est 18h20, ça fait 20 minutes que les nouvelles de Radio-Canada parlent des émeutes de Montréal-Nord. Ouuuu!!! Pis on fait des comparaisons avec les émeutes qu'il y a eu en banlieue de Paris. Come on!!!

Anh Khoi Do a dit...

De toute façon, même si une bonne solution serait d'installer des radars photos comme en Europe, le Canada, en général, est un peu un pays isolationniste sur les bords. Effectivement, en étant les voisins des États-Unis, bien des gens oublient de regarder ce qui se fait de l'autre côté de l'océan.

Anonyme a dit...

Bof...

Il faut bien trouver des sujets pour remplir les bulletins de nouvelles du dimanche soir. Sinon il y aurait trop de journalistes sur le chômage.

L'information au Québec (et à bien d'autres endroits) est de la non-information.

On commence à parler d'un sujet avant même qu'un événement ait eu lieu. On fait du remplissage. On n'a plus le choix avec toutes ces chaînes d'information continue. Il ne se passe pas assez "d'événements" (ici) pour en parler 24h sur 24. Et les Québécois veulent entendre parler de ce qui se passe chez eux: du vent.

On crée des événements. Ça manque de poivre.

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