2008-08-17

Une histoire de camelot


Lorsque j’étais plus jeune, mon voisin était le camelot de ma rue. Étant plus vieux que moi de quelques années, le mec commençait sérieusement à en avoir marre de ce travail aux aurores et me lançait souvent la balle pour que je le remplace au lendemain d’une soirée qu’il avait trop bien arrosée avec ses amis.

Je devais donc à mon tour me lever à l’aube pour aller chercher le paquet de journaux dans la petite boîte en bois qui jonchait le côté de sa maison, au fond de laquelle je retrouvais ma paye quotidienne : un billet de 2$. Oui, oui, 2 $. Le billet, là, pas la pièce de monnaie ! Même dans les années 80, c’était peu...

Le travail était relativement simple puisque je n’avais qu’une trentaine de maisons à faire, mais tout ça me donnait néanmoins souvent des hauts le cœur. Littéralement. Car je n’ai jamais trop compris pourquoi, mais me lever avant l’aube me donnait et me donne encore souvent des nausées. Mais bon.

Trêve de détails insignifiants, je devais suivre un protocole strict et mesuré dans lequel chaque journal devait être minutieusement plié et délivré dans une boîte aux lettres de manière extrêmement précise pour éviter que les clients ne se plaignent au quotidien des mauvaises livraisons du camelot de la rue !

Bref, une tonne de niaiseries et de menus détails qui m’ont vite fait rendre compte que je n’aimais pas du tout le travail de camelot et que je devais rapidement m’empresser de barrer cette profession de ma liste...

À regarder mon voisin et mes amis faire leurs livraisons quotidiennes, je n’arrivais d’ailleurs pas à comprendre pourquoi leur travail était si différent de celui qu’on nous montrait régulièrement à la télé. Alors qu’eux devaient préparer les journaux et les livrer à des endroits bien précis, les camelots de la télé se promenaient toujours à vélo avec un gros sac duquel ils sortaient leurs journaux enroulés qu’ils lançaient sur la pelouse des voisins.

Pourquoi diantre les camelots des films et de la télé étaient-ils si grassement chanceux ? Pourquoi pouvaient-ils se permettre de lancer leurs journaux à gauche et à droite comme ça, tout bonnement ?

Je n’avais jamais vraiment repensé à ça, mais j’ai vite compris en déménageant au sud de la frontière : les camelots du cinéma sont tous Américains !

Vous pensez que je blague ? Regardez la photo ci-haut, prise dans le quartier : des tonnes de journaux sur le parquet des vérandas, sur les pelouses des propriétés, sur les trottoirs, etc. Non seulement les camelots d’ici n’ont pas à se préoccuper du fait qu’ils doivent livrer le journal de Madame Tremblay à l’endroit X ou le journal de Monsieur Morin à l’endroit Y, ils n’ont même pas à les préparer puisqu’ils viennent déjà tous préemballés dans des sacs de plastique !

Tsé, au cas qu’y mouillerait...

Vous vous imaginez ? Avec le simple titrage quotidien du New York Times, ça fait un million de sacs de plastique ! Un seul périodique, une seule journée. Un million.

On peut ben avoir des problèmes d’environnement... et d’obésité ! Les journaux sont préemballés et les camelots n’ont plus rien à faire. Et en plus, pas besoin de la tête à Papineau pour savoir que le voisin est en vacances et qu'on peut facilement défoncer sa porte : y'a plus de sacs de plastique sur la pelouse qu'il n'y a de pissenlits.

Vous l’avez deviné, c’est un autre cas de...

Hé ben.

P.-S. : Parenthèse simili reliée au sujet principal et qui ne nous rajeunit pas. Vous vous rendez compte qu’à leur âge actuel, les jeunes universitaires Canadiens n’ont jamais tenu de billets de 2 $ dans leurs mains ? Et encore moins de billets de 1 $ ? Oh là là, ça cogne d’être rendu à trente ans.

5 commentaires:

Vincent Sremed a dit...

À noter qu'à Toronto aussi, il y a du pitchage de journaux...

(mon rêve, moi aussi j'ai été camelot, et je rêvais de voir une cliente à poil en passant la collecte ou le journal le matin, c'est « presque » arrivé d'ailleurs...)

Ah! Les bons vieux billets de 1$... comme ils étaient maganés... Je m'en souviens joyeusement comme d'un vieux film ou d'une bonne vieille soirée en famille...

Léonard Langlois a dit...

Pour les billets de 1 $ non je n'en ai pas vu, mais en tant qu'étudiant de première année universitaire je me rappelle avoir vu des billets de 2 $ quand j'étais en maternelle ou quelque chose comme ça.

Unknown a dit...

It's not like that everywhere in the US of course. When I delivered papers, they came in a large stack, which I then had to fold. Papers went into mailboxes typically, or front porches.

If I wanted to use plastic bags, I had to put them in there too. It was such a pain, I only did this when it was raining. It didn't even pay to use a bike, because I always had to walk up to the house to put the paper in.

Anh Khoi Do a dit...

Des billets de 2$, je ne me rappelle pas d'en avoir vu. Pour ce qui est des 1$ en billet, alors ça oui, je me rappelle d'avoir vu mes parents les utiliser quand j'étais au début du primaire.

Pour ce qui est de préparer les journaux et les circulaires dans un sac de plastique, à long terme, n'y a-t-il pas des raisons environnementales pouvant justifier une inquiétude? Sans être très bien renseigné sur le sujet, puisque les sacs de plastique ne sont pas biodégradables, il me semble que de l'argent pourrait être investie pour trouver une alternative permanente à cela. À cet effet, on pourrait s'inspirer des expériences de la ville de San Francisco, Lear Rapids (au Manitoba) et Los Angeles quant à la mise au pas des sacs de plastique.

Nicdou a dit...

...although Eric, coming from the Upper Peninsula, you're almost Canadian! ;-)

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