2008-06-18

La vie à tout prix


Il y a quelques phénomènes américains pour lesquels je ne vous ai jamais glissé de mot. Certains sont anodins alors que d’autres confirment malheureusement plusieurs clichés que nous avons par rapport aux individus qui vivent de ce côté-ci de la frontière. Même dans les états très démocrates de la Nouvelle-Angleterre, il existe une importante communauté de gens pro-vie qui tiennent mordicus au « droit du fœtus » et qui sont contre l’avortement, confirmant que l’extrémisme religieux de ce pays n’est pas uniquement concentré dans les états du Bible Belt.

Même s’il s’agit d’un sujet que l’on considère aujourd’hui typiquement américain, il s’avère néanmoins d’actualité au Canada, notamment dans la foulée de l’adoption en deuxième lecture du projet de loi C-484 en mars dernier, qui vise à modifier le code criminel dans le but de faire reconnaître comme une infraction le fait de blesser ou de causer la mort d’un « enfant non encore né ». Bref, l’art de redonner un statut légal au fœtus dans la foulée de ce que l’on pourrait considérer comme le premier pas vers la recriminalisation de l’avortement au Canada.

Même si la médiatisation canadienne à cet effet demeure très subtile et que l’opinion publique est largement contre ce retour aux valeurs d’antan, plusieurs Américains ne cachent pas leur appui à ce genre de formule rétrograde et l’affichent volontiers ouvertement.

Par pure coïncidence, de l’autre côté de la rue de la maison natale de G. W. Bush à New Haven, on retrouve un Planned Parenthood, c'est-à-dire un organisme national qui milite en faveur de l'éducation sexuelle, de l'accès aux soins de santé et de l’avortement partout au pays. Puisque je passe devant ladite bâtisse à tous les jours pour me rendre au travail, je suis témoin depuis quelques mois de scènes que nous ne voyons et n’imaginons tout simplement pas au Québec :

Au moins deux fois par semaine et à longueur d’année, des militants pro-vie se prosternent et prient à genoux devant l’entrée de la bâtisse en question, arborant crucifix, images dénaturées de fœtus morts, pancartes de slogans contre l’avortement, cierges allumés et portraits de la Vierge Marie. Je vous dis, un spectacle fou ! En les regardant distribuer quantité folle de dépliants condamnant l’avortement et louangeant l’importance d’être pro-vie, on ne peut s’empêcher d’être totalement fasciné et subjugué par la chose. Regarder les ploucs en question se faire aller devant une bâtisse en priant Dieu au nom de la vie, c’est un peu comme voir débarquer les Martiens dans sa cours arrière. Littéralement. En 2008 ? Eh oui...

Couplé à toute cette histoire, puisque la terre d’Amérique demeure à mon avis la nation championne du bumber sticker, on s’affiche sans scrupule et sans se soucier de ce que les autres peuvent bien penser. Sans que les principaux intéressés ne s’en rendent trop compte - trop occupés qu’ils sont à s’écorcher les genoux sur l’asphalte -, je me suis arrêté pour prendre quelques clichés de ce que qu’ils aiment bien coller sur le pare-choc arrière de leur immense camionnette polluante :

Je vous dis, à chaque fois que je passe par là et que je les croise, j’ai cette envie folle de m’arrêter près d’eux et de leur lancer très fort : « Et la vie de vos soldats qui meurent à tous les jours en Irak, elle n’est pas importante elle ? »

Pro-vie, pro-vie... Pour paraphraser l’un de leurs collants ci-haut : “U can’t B both pro-life and pro-war”.

Entéka. Freedom of speech--I guess.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Je suis pro-vie et anti-guerre. Et aussi contre la peine de mort... Vous généralisez de façon outrageuse. Il est possible de maintenir ces positions en ayant une argumentation sensée, vous savez...

-Karine

Nicdou a dit...

D'accord, alors faites-moi le plaisir de me soumettre ces arguments. Je suis tout ouïe.

Anonyme a dit...

Principe #1:respect de la vie(ce qui explique à peu près toutes mes positions.)Un petit coeur commence à battre à 25 jours de vie. Et ne me sortez pas la phrase: oui mais un bébé n'est pas viable sans le lien à la mère. Le nouveau-né n'est pas viable non-plus seul à 2 ou 3 jours de vie, pourtant s'en débarasser car il est encombrant, ça s'appelle un infanticide.

Principe#2:Prendre ses responsabilités et accepter les conséquences de nos actions. Notre liberté arrête là ou celle de l'autre commence. Et ne me ressortez pas la fameuse phrase: Oui, mais en cas de viol...
c'est une aberrante minorité. En passant, j'avais oublié de dire que je suis hyper pro-contraception!

Je suis sidérée que ce sujet soit un sujet fermé au Québec. Plus le droit d'y réfléchir. L'avortement est si banalisé que les femmes y ont recours souvent après des rapports sexuels irresponsables.

Lorsque cela arrive et qu'on me dit que c'est trop traumatisant pour une femme de faire adopter son bébé, je vois pas en quoi ce l'est moins de le tuer, à part une belle opération de brainwashing qu'avant tel nombre de semaines, ça ne compte pas.

Bref, c'est un début. Que me répondez-vous?

-Karine

Anonyme a dit...

Pour Karine:

Principe#1: respectes-tu vraiment la vie? Manges-tu des végétaux? Si oui, tu mets donc une échelle de valeur à la vie et tu attribues aux humains (par égoïsme) la valeur absolue de la vie. Alors pourquoi n'y aurait-il pas une échelle de valeur chez les humains aussi. La vie dans sa beauté, tu la définies par un amas de cellules vivantes, ou par une expérience du monde? As-tu beaucoup de souvenirs de ton passage dans l'utérus de ta mère alors que tes quelques cellules et ton petit coeur battant baignaient tranquillement dans ton urine (le liquide amniotique)? Vaut-il mieux gâcher la vie (cela est bien pire selon moi) d'une femme qu'on force à accoucher d'un foetus qu'elle ne désire pas pour lui donner une leçon de responsabilité? Le foetus fait partie intégrante de la mère et devrait être considéré comme une partie du corps jusqu'à son expulsion par accouchement ou avortement. Si une mère veut mutiler une partie de son corps, c'est son affaire. Si on enlève "en passant" l'appendice à un monsieur qui subit une opération dans le ventre, on enlève une partie vivante de lui. On commet un meurtre envers la vie puisque le petit bout de cellules qui se meut lui-même par péristaltisme se nécrosera.

Principe#2: Que vient faire la responsabilité avec l'amour et la passion? La passion, l'amour le sexe sont bien plus forts que la raison. C'est la base de la vie. C'est ce qui fait nous sentir vivants. On veut rendre coupable (beau trait judéo-chrétien) ceux qui ont eu trop de passion et qui n'ont pas "planifié" leur coup. Soyez donc un peu moins responsables et un peu plus passionnés et la vie sera meilleure...

-Vincent

Free counter and web stats