2008-03-11

La télévision conventionnelle, c’est fini. Let’s move on and evolve!


Sauf à quelques exceptions, je ne regarde plus la télévision québécoise depuis déjà plusieurs années. À l’époque, mettre au rancart une bonne partie de ce qui se produisait dans le paysage télévisuel québécois n’était pas uniquement justifié par le fait que je passais définitivement trop de temps devant le tube cathodique (dans le temps où la télé était encore un tube cathodique...), mais également parce que j’en avais marre des téléromans et des séries franchement mornes et répétitives produites par Radio-Can, TVA et TQS. En un seul mot, c’était pas mal plate. Dans mon adolescence, mes moments de télé hebdomadaire était d’ailleurs bien davantage consacrés à Seinfeld, Fresh Prince of Bel-Air et Friends qu’à toute autre série québécoise. Question de goût ? J’imagine. Ou l’est-ce vraiment ?

Encore aujourd’hui, je trouve malheureusement triste de constater qu’une bonne partie des séries produites par les grands réseaux télévisuels de la province font du sur place. En fait, à part quelques exceptions néanmoins dignes de mention, j’ai franchement l’impression qu’on fait du sur place télévisuel depuis très longtemps. Et ce raisonnement ne s’applique pas uniquement qu’au Québec : obnubilé par la présence américaine, le ROC ne produit pratiquement plus rien d’original non plus.

Mais peut-être n’est-ce qu’une impression ? À bien y penser, nous avons quand même eu droit à Minuit le soir, Les Lavigueur et Les Invincibles ces dernières années. Mais bon, il faut quand même faire contrepoids à Virginie, Loft Story et à tout ce qui peut sortir de TVA et de TQS d’une saison à l’autre... Disons simplement qu’il m’apparaît rare que la télévision du Québec soit à la hauteur de son cinéma, ce qui n’est pas nécessairement toujours le cas aux États-Unis.

Peut-être est-ce parce que je commence à m’habituer aux époustouflantes séries comme Lost, Rome, Curb Your Enthousiasm, Arrested Development, CSI, Entourage, The Sopranos ou Six Feet Under, mais à chaque fois que je débarque au Québec et que j’ouvre la télé pour zapper un peu, j’ai toujours l’impression de regarder des décors en carton, de voir des comédiens qui ne savent pas jouer, de supporter des VJ de Musique Plus qui ne savent pas enchaîner les mots sans faire de faute de syntaxe, de me taper des reprises du Temps d’une paix, de voir des annonces qui me rappellent « Dagnel Spécificités » ou d’avoir honte de constater l’omniprésence de l’humour à la Guy Mongrain. Pas fort, pas fort...

Pourtant, on me parle assez régulièrement de bonnes séries québécoises sans que je puisse en juger de manière appropriée. D’ailleurs, à chaque fois que j’entends le commentaire « tu devrais regarder ça, c’est excellent », je ne peux m’empêcher de me demander s’il s’agit d’une opinion réfléchie ou encore du point de vue de quelqu’un qui n’a jamais vu mieux pour pouvoir comparer. Car j’ai l’impression qu’il y a un peu de ça aussi au Québec : à défaut d’avoir un marché assez grand pour justifier une réelle compétition, les réseaux québécois se contentent de produire des séries qui sortent rarement de l’ordinaire. Les gens y sont habitués, ça n’est pas trop ennuyant et ils les regardent quand même. « Quessé tu veux, y’a rien d’autre à tévé ! ». Combien de fois l’avons-nous entendue celle-là ? Y’a rien d’autre en français, on s’entend.

Parce que du côté anglophone, y’en a du stock. Y’a de la merde en boîte, mais y’a aussi des choses extraordinaires. Et dans la grande majorité des cas, les choses extraordinaires sont quintuplement plus extraordinaires que ce qui se tourne au Québec en moyenne. Question de budget ? Assurément, mais pas uniquement. Il y a une manière de procéder, une manière d’écrire, une manière de faire languir et de jouer sur les mystères pour captiver son auditoire que les Américains maîtrisent particulièrement bien. Lorsqu’on compare les deux types de télé, la révélation vous rendre en plein dans les dents, un peu comme la fois que vous avez regardé le premier épisode de la première saison de 24. Ça fesse et on ne peut pas s’empêcher de regarder l’épisode suivant, et ensuite le suivant, et puis un petit dernier, etc. La dernière fois que j’ai ressenti ça avec une série québécoise, c’était... Attendez, je pense que ça ne m’est jamais arrivé. Ou peut-être oui, une ou deux fois dans Omertà ? Ça fait tellement longtemps que j’ai oublié.

Certains diront que ne peux pas juger correctement de ce qui s’est fait au Québec dans les dernières années pour deux raisons principales : 1) même lorsque j’étais à Montréal, je n’avais pas le câble, et 2) même si j’avais le câble présentement (ce qui n’est pas le cas), j’habite désormais un peu loin pour regarder quoique ce soit de québécois. Deux bons arguments. Je ne peux donc pas juger des nouvelles séries qui pourraient être produites actuellement.

Hé ben justement ! Comment se fait-il que je ne sois pas capable de les regarder en ligne ? Les réseaux de télé québécois vont-ils un jour réaliser que près de 30 % des cotes d’écoutes de certaines émissions populaires aux États-Unis sont désormais regardées directement en ligne ? Les grands réseaux de télé américains, eux, sont en train de le comprendre (voir ici et ici). Au lieu d’essayer de contrer le piratage de leurs émissions en ciblant ceux qui les partagent ou qui les téléchargent illégalement, ils ont pris le taureau par les cornes en créant des sites web où ils diffusent leurs émissions tout à fait gratuitement. Et en haute définition à part de ça ! C’est d’ailleurs la seule et bonne manière qu’ils ont trouvé pour conserver leurs cotes d’écoute et leurs revenus publicitaires...

ABC, NBC (désormais couplé à Hulu) et CBS présentent tous des saisons complètes de plusieurs de leurs séries fétiches. Et qu’importe si elles existent déjà en DVD, on retrouve même l’intégrale des quatre saisons de Lost ! On les regarde en haute définition, quand on veut, où on veut et à la cadence que l’on veut. Et pas besoin de télécharger puisque la diffusion se fait en continu. Mais bien évidemment, on a besoin d’une forte bande passante et SURTOUT, on ne doit pas avoir de quota de téléchargement mensuel comme ceux imposés par Vidéotron et Sympatico au Québec. Les quotas mensuels de téléchargement, ça n’existe pas aux États-Unis.

Je n’ai pas ici l’intention de m’étendre sur le sujet du manque de budget et des contraintes publicitaires des réseaux de télévision francophones québécois. Je ne m’étendrai pas non plus sur leur manière de procéder dans l’écriture d’une minisérie ou d’un téléroman (comme s’il était possible pour UN seul auteur de tout écrire. Voilà longtemps que les Américains ont compris que plusieurs têtes valent mieux qu’une pour faire ressortir des idées géniales...).

Je me permettrai seulement de souligner que le Québec prend encore du retard sur les tendances actuelles d’Internet 2.0 et que cela s’avère bien triste à constater. La télévision conventionnelle où l’on s’assoit en famille à 20h00 le jeudi soir pour regarder un épisode de ceci ou cela, c’est fini. Qu’on l’accepte et qu’on passe à autre chose.

Le téléphile contemporain veut la liberté de regarder ce qu’il veut à son rythme, que ce soit en direct, en différé, en DVD, en débit continu, en téléchargement, sur sa télé haute définition, sur son ordinateur, sur son iPod ou sur son cellulaire. Qu’on se déniaise et qu’on s’en rende compte ! Let’s move on and evolve!

1 commentaire:

Pam a dit...

Bonjour Nicolas,

Merci pour votre commentaire sur mon blog, je vais essayer de me procurer le livre dont vous me parlez.

J'aime beaucoup votre message sur la télévision. En France c'est comme au Québec, les téléséries sont souvent inintéressantes, et elles ne font pas le poids face aux téléséries américaines. Le format des téléséries françaises est d'ailleurs différent : en général ça dure 1h30, hors publicité !

Par contre je trouve qu'en ce moment l'Allemagne sort plein de téléséries, qui ne sont pas trop mauvaises par rapport à ce qui se fait hors "USA".

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