2008-03-22

Si j’avais les ailes d’un ange, je partirais pour... Hartford


J’étais debout à 3h40.

Étant incapable de supporter le son d’un réveille-matin, mon horloge biologique s’ajuste toujours pour secouer le corps hors du lit quelques minutes à l’avance. Or, tout ce travail se fait aux dépens d’une nuit relativement chaotique dans laquelle un œil sur deux porte inconsciemment le regard sur l’heure une fois de temps en temps. Question de ne pas manquer le bateau.

J’avais pourtant tout prévu : les pantalons, les bas, la chemise, l’appareil photo (au cas où l’aube serait belle) et les quelques disques qui me tiendraient compagnie lors du retour. Hartford, ce n’est qu’à une heure de route de la porte arrière, mais en pleine nuit, c’est toujours agréable d’avoir un petit remontant.

Je ne voulais pas la réveiller, mais je savais bien que c’était peine perdue. En temps normal, je change de position dans le lit et elle se réveille. Instinct féminin, faut croire... J’ai donc bien pris soin de refermer les deux portes de chambre pour qu’elle ne soit pas trop incommodée par la lumière.

Fuck, mon antisudorifique... Retour au bercail.

«Non, non, fais dodo. C’est correct. J’ai oublié mon antisudorifique.» Pourquoi je garde ça dans ma chambre plutôt que dans la salle de bain ? Je sais pas. C’est con. Retour aux toilettes.

Fuck, ma ceinture... Re-retour au bercail.

«Non, non, fais dodo. C’est correct. J’ai oublié ma ceinture. Bisous.»

Enfile le tout. Brosse les dents. Poignée de pépites de chocolat. Déboule pratiquement l’escalier dans le noir. Nuit froide de début de printemps.

J’ai mis les pieds chez mon ami à 4h15. Il état presque prêt et il n’avait tout simplement pas dormi. Quand l'habitude te pousse normalement à t’endormir vers 2h30 et que tu dois te rendre à l’aéroport aux alentours de 4 ou 5 heures du matin, à quoi bon essayer de dormir pour si peu ?

Hartford-Dallas, Dallas-San Diego.
En masse de temps pour faire un petit roupillon bien mérité. Lui aussi s’en va donner des bisous à sa copine. La Jolla, UCSD, Scripps, Salk Institute, Tijuana. Un maudit beau coin de pays. Ou plutôt, de deux pays...

La route était calme, mais bourrée de camions. Le sentiment était hors du réel, comme un rêve trop véridique. Comme cette période que l'on vit quotidiennement, mais que l’on voit malgré tout si peu : les quatre ou cinq premières heures de la journée. Aussi calme était la 91 nord, aussi achalandé était l’aéroport. Au revoir Eric, à mercredi.

Le retour solitaire vers le sud crachait les fines mélodies accrocheuses et nostalgiques de Eve 6 dans mes haut-parleurs. Les numéros de sortie diminuaient lentement, jusqu’à ce point fatidique où la 91 rejoint finalement la 95 dans ce cafouillis qui cause des embouteillages même en pleine nuit :

Les tours de Yale au loin. New Haven. 6h15. L’aube qui se pointe tranquillement à l’horizon.

Deux ou trois oiseaux gazouillaient face à la maison lorsque j'ai garé la voiture. Seul le bruit de la clôture arrière leur faisait compétition. L’air annonçait cette journée chaude de printemps et la maison sentait les muffins à plein nez.

Elle ne s’était pas rendormie.

Moi par contre, ça n’a pas pris de temps avant que mes yeux se referment. Elle est venue me rejoindre et les siens ont fait de même.

L’appareil photo n’a jamais servi.

Aucun commentaire:

Free counter and web stats