2008-03-19

Pour en revenir à « Do you usually have free parking? »

Cette question, je ne suis pas prêt à dire que les Québécois ne se la posent pas. En fait, dans la situation décrite dans le dernier billet, je suis persuadé que la plupart des Québécois réagiraient de la même manière que les Américains qui étaient présents à mon petit meeting industriel. Pour clarifier le point de vue Québécois, je dirais qu’on s’étonnera toujours de ce genre de question lorsqu’on a vécu à Montréal sans voiture. Point. Car au Québec, c’est bien juste à Montréal qu’on peut vivre sans se la poser et ensuite adopter une attitude méprisante face à tous ceux pour qui c'est important... C’est probablement la même chose avec un habitant de Manhattan, d’ailleurs.

Aussi extraordinaires les Québécois croient-ils être à ce niveau, la situation hors Montréal n’est guère mieux que celle qui prévaut aux États-Unis en ce qui a trait au transport en commun. Même la ville de Québec, qui possède certainement le deuxième meilleur système de transport en commun de la province, n’arrive pas à la cheville de Montréal à ce niveau et dépend entièrement de son parc automobile pour déplacer la très grande majorité de sa population.

Le problème est assurément lié à la « banlieusardisation » de la société nord-américaine, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais il est bien évident que la voiture demeure essentielle à bien des égards. À cet effet, je me souviendrai toujours du commentaire récent d’un internaute sur le blogue de Lagacé : « À tous ceux qui chialent contre les gens qui possèdent une voiture à Montréal et qui disent que ça ne sert à rien : la prochaine fois que vous voudrez un lift pour aller faire un tour dans le nord, aller skier au Mont-Tremblant ou faire du camping dans le parc de la Vérendrye, vous pourrez ben manger d’la marde ! »

Les petits centres urbains, ils existent et il faut bien s’y rendre d’une manière ou d’une autre. Sur ce, il est faux de croire que l’amélioration du transport en commun changera quoique ce soit à la situation des distances interurbaines. La densité de population de certains petits coins de pays ne permet tout simplement pas d'offrir un service approprié et adéquat à ce niveau. Le mode de vie métropolitain sous-estime malheureusement le fait qu’il faut bien relier les petites villes aux grands centres d’une manière ou d’une autre. Ainsi, la voiture est définitivement là pour rester, peu importe la source d’énergie qu’elle utilise pour rouler.

Pour en revenir au fameux « Do you usually have free parking », ce que je trouvais particulièrement comique dans la situation du dernier billet, c’est à quel point CETTE question demeurait celle qui intéressait les gens. Plus que la garderie, plus que les soins dentaires, plus que la SANTÉ !

Un stationnement coûte combien à chaque année ? Dans le pire des cas, 100 $ par mois peut-être ? On parle donc d’une dépense d’environ 1200-1500 $ par année. Non négligeable, on en convient. Mais le régime de soin de santé, lui ? À Yale, on parle d’un montant de 310 $ par mois, soit au minimum trois fois plus élevé ! Si t’as le choix de payer l’un des deux, il me semble que c’est moins pire de payer le stationnement, non ?

Aucun doute qu’au Québec on se la poserait la question ! Pourquoi ? Parce que toute dépense supplémentaire sort directement de notre poche. Et puisque la santé est étatisée, on n’a pas l’impression de la payer de nos poches (même si c'est faux). Mais aux États-Unis, t’as pas le choix de payer tes soins de santé ! À moins que tu prennes la décision pas très intelligente de laisser faire, cette dépense sort inévitablement de ta poche...

Peut-être est-ce juste moi, mais il me semblait logique que la première question à se poser devait être celle liée aux soins de santé. Dans l’ordre des valeurs, vous ne trouvez pas que c’est logique ? Enfin, de mon côté, le stationnement venait pas mal plus loin au niveau priorité (et oui, je possède une voiture)... Mais bon, il semble bien que l’être humain ne soit pas en mesure de voir ça. Probablement parce que l’un demeure tangible alors que l’autre ne l’est pas. Quand tu as la santé, tu ne penses pas que ça peut devenir un problème. Un sérieux problème, d'ailleurs...

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