2008-04-03

La nostalgie du disque compact (première partie)


Le soleil tapait très fort en ce jour d’été de mes 12 ans. Moi et mon père marchions avec entrain sur le pavé chaud de la rue où j’ai passé la plus grande partie de mon enfance vers une destination qui me plaisait beaucoup à l’époque : Télé Dynamique. Commerce électronique indépendant, local et familial, la boutique déménagea ses pénates de l’autre côté de la 80e rue pour prendre un peu d’expansion quelques années plus tard. Tout ça, c’était bien évidemment avant qu’elle ne subisse les affres de la mondialisation et de la concurrence internationale, qui ont éventuellement mené à sa perte.

J’oublie exactement quand toute cette histoire s’est passée, mais l’image de cette journée fatidique restera toujours profondément ancrée dans mes souvenirs d’enfance, car il s’agissait de la toute première fois que mon père m’amenait acheter l’objet de mes désirs les plus profonds du moment : la toute première chaîne stéréo que j'avais le droit de choisir. Mon choix s'était arrêté sur une Hitachi qui ressemblait à une grosse mouche noire avec deux lecteurs cassettes, radio AM-FM, capteur d’ondes courtes et surtout, mon premier lecteur CD. À l’époque, ce n’était pas rien !

En fait, au début de la décennie du grunge, le CD était encore un objet de luxe pour lequel j’ai payé des montants faramineux sur une base régulière pendant plusieurs années. Mon ami Proulx en était d’ailleurs découragé : « Va pas acheter tes CD chez Vidéotron, tu te fais fourrer ben raide ! Va au marché aux puces à la place ! » Il avait raison le pauvre, mais c’était difficile pour moi de justifier le déplacement. Voyez-vous, à 12-13 ans, le marché aux puces, ce n’était pas nécessairement la porte d’à-côté.

Non, dans le temps, le Vidéotron proche de chez moi demeurait indubitablement le meilleur endroit pour dénicher mes trouvailles, même si le choix était, pour ainsi dire, plus que limité. En fait, le Vidéotron et le Kébec Disques du Carrefour Charlesbourg demeurèrent mes lieux de prédilection pendant les bonnes années du début de mon adolescence. Je m’en souviens comme si c’était hier : le prix normal d’un CD était de 19,99 $, ce qui revenait à 23,10 $ avec les taxes. Maudit que le gouvernement en a fait de l’argent sur le dos de mes disques neufs à cette époque ! J’en ris encore, d'autant plus que mes découvertes musicales se font souvent aujourd'hui au dixième de ce prix-là...

Avec les années, je me suis tout de même diversifié un tantinet, tant au niveau commercial qu’au niveau musical. Grand amateur de musique pesante, j’ai découvert la musique classique aux alentours de mes 16 à 18 ans et je prenais régulièrement la 800 pour me rendre chez Musique d’Auteuil au centre-ville. Complètement fou le bonhomme : une ‘ride’ de 45 minutes d’autobus (aller simple) que je faisais à presque tous les vendredis soirs uniquement pour aller passer du bon temps dans la section classique des 4e et 5e étages dudit commerce.

Les plus vieux se souviendront très bien de Musique d’Auteuil, mais les plus jeunes ne pourront se donner qu’une pâle idée de l’esprit qui y régnait jadis en visitant la piètre imitation contemporaine de l’endroit : le Archambault de la rue Saint-Jean. Tout comme mon intérêt pour la place, la section classique fut malheureusement considérablement rétrécie avec les années, si bien qu’elle ne mérite plus vraiment le détour. Comme celle du Archambault de Place Ste-Foy d’ailleurs. En fait, comme celle d’à peu près tous les magasins de disques du Québec, qui débordaient pourtant de trucs géniaux dans ce temps.

Musique d’Auteuil, c’était littéralement une institution dans la Vieille Capitale. Je serais même prêt à dire que sa réputation dépassait largement les frontières de la région. En fait, j’y étais tellement rendu souvent que le gérant me connaissait et me saluait à chaque visite. Aux dernières nouvelles, le bonhomme travaillait encore pour Archambault il y a quelques années, mais il a fait le saut vers la maison mère de Berri dans la métropole, où je l’ai recroisé à quelques reprises durant mes années de thèse.

Mais bon, je m’éloigne de mon propos. Retour sur le droit chemin dans le prochain billet...

Aucun commentaire:

Free counter and web stats