2008-09-08

Obamanie ? Beatlemania ? Quand les mots-valises ne suffisent plus...


Le gars, y’en a un peu marre de l’Obamanie chez les journalistes québécois. Vous avez remarqué la ferveur démocrate qui ratisse large chez les chroniqueurs politiques du Québec ? Le parti pris ratisse tellement large qu’il se déplace dans un autre pays ! D’accord, Obama il est beau, Obama il est fin, Obama serait (sera ?) fort probablement l’un des meilleurs présidents étatsuniens en ce qui a trait à l’image projetée par ce pays au niveau international. Mais y’a toujours bien des limites à tomber dans l’extrême partisannerie semblable à celle que projette Fox avec la droite républicaine, non ?

Exemple tiré d’une chronique de Vincent Marissal (La Presse), qui en bavait suite à la convention démocrate d’il y a deux semaines :

« Aucun parti d’ici n’arrive à mobiliser une base militante aussi vaste et aussi active. Et, surtout, aucun parti n’en a les moyens, pas même les conservateurs, qui nagent dans le fric. (...) Aucun parti [canadien] n’est assez équipé en charisme, en idées, en faiseurs d’image et en rédacteurs de discours pour [organiser une fête du genre]. (...) En écoutant Barack Obama, on se rend compte aussi, avec dépit, qu’aucun leader politique d’ici ne s’approche de ce tribun extraordinaire. »

Wo les moteurs quand même... On se calme le poil des pieds ! Pour l’argent, on lui donnera raison, mais M. Marissal est-il au courant que le système américain est biparti ? Aux États-Unis, il n’y a point de salut (ou presque) en dehors des républicains ou des démocrates. Quand tu n’as que deux choix sérieux auxquels tu peux donner ton vote, ce n’est pas trop difficile d’accumuler la population de ton bord... Imaginez le Canada avec une situation similaire et vous en auriez du monde à la messe ! D’un côté comme de l’autre.

Inutile de préciser qu’avec un système à multiples partis comme celui de notre fédération, la population est divisée tant au niveau géographique qu’idéologique. Oubliez Obama et McCain pour deux secondes et examinez ces deux partis étatsuniens avec deux têtes d’affiche plutôt ordinaires (disons Kerry et Bush comme en 2004) : deux partis néo-conservateurs qui se distinguent relativement peu au niveau originalité...

De toute manière, dire que les candidats canadiens sont monotones n'est qu'une demi-vérité, car vous constaterez bien qu'ils seront pas mal moins endormants pendant la campagne canadienne actuelle ! Obama ne fait pas exception à la règle suivante : quand on s'intéresse à eux, les politiciens sont soudainement pas mal plus intéressants...

Les chroniqueurs du Québec auraient peut-être intérêt à laisser leur partisanerie au rencart pour deux minutes, car ils ne sont parfois pas très loin de tomber dans la Beatlemania. Je trouve d’ailleurs particulièrement ironique que leur couverture se concentre primordialement sur la perception davantage que sur les idées de fond.

Pourquoi ne pas regarder les faits d’un point de vue Canadien ? C’est pourtant cet aspect qui nous touchera, non ? Bien évidemment que les États-Unis seraient mieux gouvernés par Obama à bien des niveaux, mais arrêtez-vous quelques minutes sur sa position par rapport à l’ALÉNA. S’il y a quelque chose qui risque de faire mal au Canada, c’est bien ça (mon collègue Khoi en discute mieux que moi, d’ailleurs).

Mais non. Pour Obama, on est gaga, on lui lance des fleurs et on lui donnerait le bon Dieu sans confession !

Ne dit-on pas que la chose à faire en politique est d’étudier les idées plutôt que de tomber sous le charme hypocrite d’un candidat charismatique ? Plutôt ironique provenant de journalistes « sérieux »...

Mais bon, on les comprend quand même un peu, car ils font une maudite bonne job lorsque vient le temps de critiquer Dion... ;-)

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Fort à propos.

Cela montre aussi toute la faiblesse de la démocratie, supposée être le meilleur système de pouvoir pouvant exister...

Alors qu'elle pourrait servir au brassage d'une multitude d'idées et de candidats, cela se résume en effet à deux ou trois partis dont les idées et les protagonistes varient très peu, et même au Canada.

Obama est un bon sophiste, un bon rhéteur. Il sait faire bondir les cœurs. On ne l'a pas vu à l'œuvre en tant que pragmatiste. Il sait bien conduire les foules. Ça aussi c'est dangereux. Obama peut être un Panurge...

Le Redneck a dit...

C'est comique parce que sur le blog d'une autre personne je disais sensiblement la même chose et on m'a traité de droitiste et de "gun happy" républicain. Je crois sincèrement qu'après 8 ans de désastre républicain, Obama peut pas faire pire. Mais comme tu dis, les gens regarde le gars pis ont écouté son beau grand discours, vague à souhait et sont tombé en amour.

"Aye lui y va prendre soin des pauvres, aider la classe moyenne pis sortir de l'iraq"... Mais y va monter les impots ou taxes, aller en iran et probablement rien faire pour adresser le problème de la dette. Mais bon, on l'aime!

Jones a dit...

D'accord avec l'ensemble de la chronique mais n'oublions pas que c'est aussi Ralph Nader qui a donné la première victoire de Bush fils...alors que Nader a dilué le vote en trois partis. Pas deux.

Le Redneck a dit...

Bof! Ça c'est ce que les médias nous on dit.

Nader l'a d'ailleurs expliqué hier à Wolf Blitzer à CNN que c'était pas vraiment le cas.

http://www.youtube.com/watch?v=eEw0qKjP7hk

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