2008-09-14

Quatre millions de dollars d'aimants dans une seule photo floue...


Cette semaine, je me suis découvert un respect énorme pour les gens qui habitent la banlieue éloignée de New York et qui réussissent à se taper plus de cinq heures de transport à chaque jour pour se rendre au travail. Matin : voiture entre la maison et la gare de la banlieue, train entre la banlieue et la ville, marche de deux kilomètres pour se rendre de la gare au travail (car le boulot n’est pas nécessairement proche d’une station de métro). Soir : re-marche de deux kilomètres pour se rendre du travail à la gare de la ville, train entre la ville et la banlieue, voiture entre la gare et la maison. Et tout cela sans compter le temps nécessaire à l’attente des trains, à l’attente pour payer le billet de stationnement de la voiture, à l’attente dans le trafic, etc. Bref un « aspirateur d’énergie » absolument épuisant qui n’en vaut définitivement pas la peine.

Trêve de plaintes détaillées sur la pathologie des transports urbains occidentaux, je me permets de vous parler légèrement de Harlem, car j’y ai passé la semaine à imiter ses énergumènes automates, c’est-à-dire à me taper l’aller-retour entre New Haven et Manhattan à tous les jours. Vous me pardonnerez donc le peu de nouvelles ici, je me suis vite rendu compte qu’il était pas mal difficile de maintenir un blogue régulier quand on se lève à 5h00 du matin pour prendre un train de banlieue qui nous ramène à la maison à 21h00 à chaque soir. En fait, la seule phrase qui me revenait régulièrement en tête cette semaine était « dodo, hein ? ».

Sur ce, j’aurais bien aimé vous dire que Harlem a bien changé et qu'il n’est plus aussi violent que le fameux quartier de Manhattan des années 80 que tout homme blanc qui se respectait devait fuir au péril de sa vie. Cette amélioration demeure malgré tout plutôt vraie depuis le « ménage » de Giuliani, car je n’aurais définitivement pas réussi à me promener sur la 125e rue avec un chandail de Yale sans me faire éventrer à sept reprises en ces jours immémoriaux (ce qui fut tout de même possible cette semaine). Reste que Harlem demeure à ce jour extrêmement pauvre et que de s’y promener dans la journée demeure relativement précaire à plusieurs endroits.

Reste également que Harlem fait ressortir une caractéristique particulière de la société américaine actuelle. À travers toute cette pauvreté et cette violence se cache une richesse inespérée, une énormité technologique qui ferait rougir d’envie tout spectroscopiste contemporain : le New York Structural Biology Center (NYSBC). Situé dans un ancien complexe sportif auquel on accède de manière très restreinte après avoir traversé trois portes de sécurité magnétisées protégées d’un garde, le NYSBC est en réalité le résultat de ce que donne un consortium d’universités américaines qui mettent en commun leurs millions de dollars de fonds de recherche.

En plus d’être à la fine pointe de l’instrumentation de cryomicroscopie électronique, le centre de biologie structurale le plus impressionnant de l’Amérique du Nord est avant tout un leader en ce qui a trait à la résonance magnétique nucléaire. Pour faire saliver mes collègues RMNistes, imaginez ces aimants sous un même toit, remplissant deux gymnases à eux seuls (tous équipés en Bruker) :

2 spectromètres à 900 MHz (dont un qui passe 50 % de son temps en mode solide)
3 spectromètres à 800 MHz (liquide)
1 spectromètre à 750 MHz ‘wide bore’ (solide)
1 spectromètre à 700 MHz (liquide)
2 « petits » spectromètres à 500 MHz et 600 MHz (liquide)


Bien évidemment, tout ce beau monde est équipé d’une sonde conventionnelle ou d’une sonde cryogénique, c’est au choix... En fait, même les fonds de recherche consacrés à la RMN à Yale ne peuvent faire compétition à ce genre d’équipement !

Au fait, vous avez déjà vu quatre millions de dollars d’aimants dans une seule photo floue ?


Ironiquement, lorsqu’on sort à l’extérieur et qu’on marche quelques pas vers le sud, on peut lire ça :


1 commentaire:

Anonyme a dit...

J'espère que ces photos étaient permises tout de même ? Sinon on risque de ne plus jamais te revoir dans ce blogue après une descente de Jack Boer ! (à moins que tu ne te sois fait danseur de brake dancing dans harlem et que tu décides d'y habiter les rues et les cartons).

Bordel, tout ça ressemble au compresseur atmosphérique du professeur tournesol. La fin du monde approche, je le savais.

On est loin des expériences ratées sur l'ADN au cégep avec un Gaëtan moustachu comme technicien de labo et on est loin des pétages d'éprouvettes dans des bouilloires avec une petite danse derrière la classe de sciences physiques au secondaire lorsque le prof avait le dos tourné !

Merde, moi qui pensais que la RMI servait uniquement à voir des tissus mous, la fosse postérieure cérébrale, la moelle épinière et les articulations. Quel naïf je suis, va !

Au moins j'ai la chance d'aller à pied au travail, et ça ne prend que 30 secondes ! Et je dois dire que ça rend effectivement la vie plus longue et plus agréable...

Free counter and web stats