2008-02-18

"Une seule langue suffit: la sienne, surtout si elle est française." Whaaat?!?!

Mis à part le fait que nous soyons terriblement las de l’interminable débat linguistique qui fait encore rage ces jours-ci au Québec, je me désole grandement du fait qu’il existe chez certains intellectuels québécois une paranoïa de la langue qui pue la xénophobie. Sans être clairement révélée, cette idée demeure néanmoins tacite dans leurs propos, forgeant un préjugé similaire à celui qu'ont certains journalistes anglophones de la ville reine envers les Québécois lorsqu’ils abordent la question de l’unité nationale.

Autant certains individus eurent-ils tôt fait d’étaler leur intolérance crue et immonde lors des audiences de la commission Bouchard-Taylor de l’automne dernier, autant je m’attriste de constater que la vision supposément politiquement correcte du mépris des anglophones soit si légèrement et pudiquement publiée dans les pages du Devoir :

―Début de la citation―

Le bilinguisme, ce thème empoisonné (lien original)

Hubert Larocque, Gatineau, le 14 février 2008

Il faut procéder à quelques distinctions utiles. L'anglais est une langue d'utilité qui assure dans le monde une communication minimale. L'anglais est aussi une langue de nécessité quand on occupe certains emplois.

Si le Québec était un pays francophone, la langue de travail y serait le français, sauf pour des emplois désignés aux communications avec l'extérieur. L'État en établirait la liste et la surveillerait de près.

L'anglais est aussi une langue de culture, mais très peu de gens accèdent à cette dimension. Sur ce plan, l'anglais entre en rivalité avec d'autres langues qui peuvent l'emporter sur elle. Si les États-Unis disparaissaient de la planète, il ne manquerait rien d'essentiel à l'histoire du monde. La culture occidentale a connu des expressions bien plus élevées et bien plus complètes.

Enfin, l'anglais est au coeur d'une pathologie de colonisé qui traverse et corrompt les discours qu'on tient sur elle. Atteinte dans ce complexe québécois, Pauline Marois a senti comme étant intolérable le soupçon de ne pas savoir assez l'anglais. Depuis, elle s'exerce à le faire oublier en s'attardant au bilinguisme. Une seule langue suffit: la sienne, surtout si elle est française. La traduction pourvoit au reste.

―Fin de la citation―

―Début de l’ironie ―

Procédons à quelques distinctions utiles. L’intégriste linguistique francophone est persuadé de la supériorité du français sur toutes les autres langues, et plus particulièrement sur l’anglais, qu’il a appris à vilipender de manière si joliment distinguée à travers les siècles. Si le Québec était un pays sous sa gouvernance, nous aurions tôt fait de se soumettre à sa vision de sagesse francophone absolue, qui elle seule permet réellement d’accéder aux dimensions intellectuelles de la Culture. Seul le français possède des termes si précis, si distingués, si justes pour exprimer une idée. C’est un fait, n’est-ce pas ? Choyés sont ceux qui comprennent ce dialecte divin, qui lui seul facilite l’atteindre du nirvana intellectuel... La Torah francophone à son meilleur, rien de moins !

―Fin de l’ironie ―

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